Donner un rein de son vivant
17 octobre 2016
La greffe de rein permet de restituer la fonction d’épuration du rein dans sa totalité Lightspring/shutterstock.com
L’année passée, 16 529 Français étaient dans l’attente d’un rein. Parmi eux, un cinquième a bénéficié d’une greffe grâce à un don effectué sur une personne vivante. Une démarche gratuite et altruiste encore mal connue. Mais qui peut être donneur et sous quelles conditions ? Les précisions à l’occasion de la campagne d’information dédiée, organisée par l’Agence de la biomédecine du 17 au 30 octobre.
L’être humain peut vivre avec un seul rein, c’est donc le seul organe entier que l’on peut donner de son vivant. En 2015, tous organes confondus, les candidats à la greffe de rein représentaient 77% des patients inscrits sur la liste nationale d’attente.
De plus en plus pratiquée, cette alternative thérapeutique reste insuffisamment connue. Pour sensibiliser les Français, l’Agence de la biomédecine lance une campagne pendant 2 semaines. Au programme, la diffusion de spots radio et télévisés. Le nouveau site – donorganes.fr – est en ligne. Plateforme idéale pour obtenir des réponses claires et pédagogiques à toutes vos questions sur le don et la greffe de reins. Enfin des brochures à destination des donneurs, des receveurs et de l’entourage seront diffusées dans les centres de dialyse mais aussi auprès des associations de patients.
Quand donner un rein ?
Les chirurgiens urologues ont principalement recours à la greffe de rein pour traiter une insuffisance rénale chronique terminale (IRTC). Ce degré le plus grave de l’insuffisance rénale survient généralement après plusieurs années. « Certains patients évoluent vers la phase terminale en 20 ans, d’autres en 2 ans ». A ce stade, les reins sont dans l’incapacité d’exercer leur fonction d’élimination des déchets de l’organisme. Fragilisés, ils ne sont plus en mesure de maintenir une hydratation normale ni de produire suffisamment d’hormones et de protéines pour assurer le bon fonctionnement de l’organisme. La dialyse alors remplace effectue le travail des reins altérés. Contrairement à la greffe de rein, cette méthode de filtration du sang est contraignante pour le patient.
Les conséquences du diabète, de l’hypertension artérielle et des glomérulonéphrites (inflammation des unités du rein chargées de filtrer le sang) peuvent aussi déclencher une insuffisance rénale.
Qui peut donner ?
Depuis 2011, « une preuve de vie commune ou de lien étroit et stable d’au moins deux ans avec le receveur » fait de vous un ‘donneur potentiel de rein’. Les cercles familiaux et amicaux sont concernés. Dans ce cas, un bilan médical complet (test de la compatibilité entre donneur et receveur, évaluation de l’état de santé et du risque chirurgical) et le recueil du consentement devant le Président du tribunal de grande instance constituent les étapes clés pour pouvoir être prélevé(e). Aucune limite d’âge n’est imposée, la loi de Bioéthique pose la majorité comme critère obligatoire.
Du donneur au receveur
Entièrement pris en charge*, le prélèvement s’effectue par la chirurgie ouverte ou par la coelioscopie, technique moins invasive limitant « l’importance de l’incision et des douleurs post-opératoires ». Après l’intervention, l’hospitalisation dure entre 3 à 10 jours. Et 4 à 8 semaines d’arrêt de travail sont prévues. Le donneur reprend alors « une vie normale ». Mais par précaution, le suivi perdure à raison d’une consultation annuelle par l’équipe de greffe. Ce rendez-vous permet de contrôler la pression artérielle, la fonction rénale et d’évaluer le taux d’albumine dans les urines. Enfin une échographie rénale est pratiquée tous les 2 ans.
Pour le receveur, ce don du vivant permet une greffe dans les meilleurs conditions possibles. Les délais d’intervention sont donc limités. « En cas de groupe sanguin rare, cette alternative est aussi la seule solution possible d’obtenir un greffon compatible dans un délai raisonnable. » Autre avantage, le patient greffé est épargné de la dialyse et de ses complications, et le greffon prélevé sur un donneur vivant fonctionne bien. Dans ces conditions, « environ ¾ des reins sont encore fonctionnels 10 ans après la greffe ».
Ci-dessous, toutes les étapes du don du vivant et du don de rein, expliquées par l’Agence nationale de la biomédecine.
*les frais médicaux (bilan pré-don, hospitalisation suivi post-prélèvement) et non médicaux (transport, hébergement, indemnisations de la perte salariale, garde d’enfant…) sont concernés
-
Source : Agence de la biomédecine, le 17 octobre 2016
-
Ecrit par : Laura Bourgault- - Edité par : Emmanuel DucreuzetLaura Bourgault- - Edité par : Emmanuel Ducreuzet