Dysfonction érectile : les raisons d’en parler 

02 décembre 2024

La dysfonction érectile est l'incapacité à obtenir ou à maintenir une érection satisfaisante en vue d'un rapport sexuel. Jusqu’à un homme sur trois après 40 ans est concerné mais seul un sur dix reçoit une prise en charge adéquate.

La dysfonction érectile devient de plus en plus fréquente avec l’âge. Avant 40 ans, elle est relativement rare, mais après 69 ans, elle touche 50 à 70 % des hommes. « Il est donc important de savoir prendre en charge ce problème fréquent », souligne la Dre Charlotte Methorst, chirurgienne urologue à Saint-Cloud (92) et membre de l’Association française d’urologie (AFU). Car au-delà d’une sexualité insatisfaisante, une dysfonction érectile est symptomatique de troubles cardiométaboliques, annonciateurs d’évènements cardiovasculaires et à l’origine de troubles psychologiques.

Dysfonction érectile, pourquoi il est important de s’en préoccuper

La prise en charge de la dysfonction érectile se fait de manière multidimensionnelle, car elle est souvent associée à d’autres comorbidités, telles que le diabète, l’hypertension artérielle ou l’obésité, du fait d’un mécanisme physiopathologique commun à l’ensemble des maladies cardiovasculaires et métaboliques.

Parce que la dysfonction érectile est un signe annonciateur d’évènements cardiovasculaires cliniques, en particulier en cas de diabète, sa présence doit faire rechercher et prendre en charge les facteurs de risque cardiovasculaires (équilibrer un diabète, contrôler une hypertension artérielle ou une dyslipidémie, etc.).

L’autre avantage de traiter la dysfonction érectile est que cela améliore aussi la gestion de pathologies concomitantes. « Un homme pris en charge pour sa dysfonction érectile sera en effet plus enclin à suivre ses traitements pour le diabète, ou pour des pathologies cardiovasculaires, par exemple », explique Charlotte Methorst.

Mais l’impact de la dysfonction érectile étant direct sur la santé globale de l’homme, elle touche aussi sa santé psychologique. « Elle peut engendrer des troubles de l’humeur, notamment la dépression et l’anxiété, accompagnés d’une perte d’estime de soi », ajoute-t-elle.

Traiter une dysfonction érectile car l’activité sexuelle permet de rester en forme

La sexualité joue un rôle déterminant dans la santé globale. « Avoir des rapports sexuels réguliers contribue à améliorer l’humeur et diminue les risques de mortalité, assure l’urologue. En effet, la sexualité a des effets bénéfiques sur de nombreuses hormones (ocytocine, endorphines, testostérone) et constitue un excellent exercice aérobie. »

Par ailleurs, l’exercice physique réduit le risque de dysfonction érectile. Alors que la sédentarité triple le risque de dysfonction érectile, la pratique d’une activité physique modérée réduit ce risque de deux tiers, tandis qu’une activité élevée permet de le diminuer de 80 % ! L’exercice favorise la libération de monoxyde d’azote (NO) et constitue le facteur de mode de vie le plus fortement lié à la fonction érectile, devant l’alimentation notamment. On estime que 30 minutes d’exercice modéré par jour sont nécessaires pour maintenir ou améliorer la santé érectile. « Pour améliorer son risque de dysfonction érectile, la première chose à faire est de se mettre au sport de manière régulière, résume l’experte. L’exercice aérobie est bon pour la santé cardiovasculaire, le système immunitaire et le maintien du poids. »

Des traitements, mais toujours associés à une sexothérapie

D’après les nouvelles recommandations de l’Association française d’urologie (à paraître), les sexothérapies doivent systématiquement être évoquées en complément des traitements médicamenteux, mécaniques ou chirurgicaux. Cela inclut les thérapies cognitivo-comportementales et les conseils comportementaux.

  • Les règles hygiéno-diététiques doivent être appliquées au mieux, notamment le sevrage tabagique et de cannabis, l’activité physique régulière, un régime alimentaire équilibré et la forte réduction de la consommation d’alcool.
  • La prise en charge des comorbidités et des causes curables fait aussi partie des priorités.
  • Pour les hommes à faible risque cardiovasculaire, un traitement par inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE-5, comme le Viagra ou le Levitra) peut être initié.
  • La supplémentation en testostérone est indiquée pour les patients hypogonadiques (chez qui la synthèse des hormones sexuelles est insuffisante).
  • En cas d’hypertension ou de pathologie psychiatrique pouvant être à l’origine d’une dysfonction érectile, une éventuelle modification du traitement doit être envisagée, surtout si une iatrogénie médicamenteuse est fortement suspectée.
  • Chez les patients diabétiques, l’équilibre glycémique doit être optimisé, et pour les personnes en situation d’obésité (IMC supérieur à 30 kg/m²), la réduction pondérale doit être un objectif.
  • Enfin, pour les patients souffrant du syndrome d’apnées du sommeil, le traitement doit être maximalisé, par pression positive continue dans les cas modérés à sévères.

Ces futures recommandations indiquent que ces traitements peuvent être prescrits par le médecin généraliste ou, si nécessaire, en association avec un urologue.

  • Source : Conférence de presse de l’AFU sur le Mois de la santé masculine. 6 novembre 2024.

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet

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