Ebola : « l’épidémie durera sûrement plusieurs mois »
08 avril 2014
Le personnel soignant, les familles de malades et les personnes assistant aux enterrements représentent les populations les plus à risque de contamination par Ebola. ©MSF
L’épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola semble loin d’être endiguée. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), très active en Guinée, s’attend à de nouveaux cas au cours des 2 ou 3 prochains mois. La propagation de cette épidémie « sans précédent » devrait toutefois pouvoir être contrôlée grâce à un suivi actif des personnes exposées. Un défi selon l’OMS.
« Ne vous focalisez pas sur les chiffres. Ils évoluent d’heure en heure », insiste le Dr Stéphane Hugonnet de l’OMS, récemment revenu de Guinée forestière, la zone dans laquelle a débuté l’épidémie. En effet, le nombre de cas a continué d’augmenter ces derniers jours. Ainsi, la Guinée compte 157 cas – 20 à Conakry, la capitale – parmi lesquels 57 ont été confirmés par laboratoire. Au total, 101 patients sont décédés.
Au Libéria, seul autre pays ayant recensé des cas confirmés, 23 cas suspects ont été relevés depuis le début de la flambée. Seuls 5 ont été confirmés. Au total, 7 patients sont décédés. Au Mali, pour 5 cas encore suspects, les résultats des analyses sont attendus.
Rechercher activement les personnes exposées
« Nous nous attendons à découvrir de nouveaux cas d’Ebola dans les mois à venir », note le Dr Keiji Fukuda, directeur général adjoint de l’OMS. Une cinquantaine de personnels de l’organisation est actuellement sur place, travaillant notamment avec Médecins sans frontières (MSF), pour soigner les patients et les isoler afin d’endiguer la propagation du virus. « Jusqu’à présent les malades se rendaient dans les hôpitaux lorsqu’ils présentaient des symptômes. Aujourd’hui, nous devons être plus actifs et nous rendre dans les villages pour bloquer les chaînes d’infection », insiste le Dr Hugonnet.
« Tant que les chaînes de transmission (c’est-à-dire plusieurs cas connectés entre eux parce que les uns ont contaminé les autres n.d.l.r.) ne sont pas contrôlées, des exportations de cas dans d’autres régions de Guinée et d’autres pays restent possibles. » Le nombre de personnes ayant pu être en contact avec le virus s’élève à environ 600. « Maintenir un contact quotidien avec toutes, alors même que les populations sont nomades représente un véritable défi », poursuit Stéphane Hugonnet. « C’est pourquoi nous devons mettre l’accent sur ce travail de suivi des individus, pour les prendre en charge au plus tôt si elles présentent des symptômes. »
Dangereuses rumeurs
« Consommer de l’oignon protégerait contre l’Ebola ». Ou encore « le virus aurait été importé par MSF ». Ces rumeurs circulent actuellement en Guinée. Une difficulté supplémentaire dans la lutte contre l’épidémie puisque certains refusent de se rendre dans les centres de soin spécialement installés. Ainsi, « à Macenta, dans le sud-est de la Guinée, les activités de Médecins sans frontières (MSF) ont été suspendues suite à un incident au cours duquel des habitants ont manifesté et lancé des pierres sur les structures de soin et les véhicules de l’organisation», indique l’ONG. « La manifestation a été déclenchée par la diffusion de fausses informations selon lesquelles MSF aurait amené le virus dans le village. »
« Tous ces comportements sont provoqués par la peur et l’anxiété dues à cette pathologie hautement mortelle », souligne le Dr Fukuda. « Il est important d’expliquer que l’isolement dans un centre spécialisé est bénéfique pour le patient comme pour sa famille. Car malgré une létalité élevée, certains s’en sortent et protègent leur entourage d’une contamination [en acceptant la quarantaine]. » Résultat, « si les patients reçoivent un traitement pour les infections secondaires et sont réhydratés dans des structures de santé bien gérées, leurs chances de survie augmentent », conclut MSF.
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Source : conférence de presse téléphonique de l’OMS, à Genève, 8 avril 2014 – MSF, 8 avril 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet