Eczéma de contact : attention aux huiles essentielles !

27 novembre 2024

L’eczéma de contact allergique survient chez des personnes qui ont été sensibilisées à une substance à force de l’appliquer sur leur peau. Ces allergènes varient notamment en fonction des tendances cosmétiques, grandes pourvoyeuses d’eczéma de contact. Une dermato-allergologue alerte sur les risques liés, notamment, à l’utilisation des huiles essentielles et des cosmétiques ongulaires.

A l’approche des Journées dermatologiques de Paris, la Société française de dermatologie braque les projecteurs sur l’eczéma de contact allergique. Cette maladie cutanée est une réaction allergique qui survient au contact d’un produit appliqué sur la peau. Des vésicules y apparaissent, associées à un érythème et à des démangeaisons. Contrairement à la dermatite atopique, maladie cutanée le plus souvent localisée au niveau des plis des coudes et genoux, l’eczéma de contact peut apparaître n’importe où en fonction de la zone où a été appliqué le produit.

Réaction allergique, l’eczéma de contact survient même en l’absence de terrain génétique favorisant. Elle apparait à force d’appliquer sur sa peau un produit sensibilisant. La personne se sensibilise au fur et à mesure et finit par devenir allergique. La réaction cutanée récidivera alors dans les 24 à 48 heures après chaque application de l’allergène. Si les chiffres de l’eczéma de contact sont stables, environ 20 % de la population, de nouveaux allergènes apparaissent sans arrêt, en fonction des tendances cosmétiques.

Entre 10 et 20 produits d’hygiène ou de cosmétique par jour

Dans une communication de la Société française de dermatologie, Angèle Soria, dermato-allergologue pointe un allergène difficile à identifier. Notamment parce que « les Européens appliquent en moyenne entre 10 et 20 produits cosmétiques et/ou d’hygiène différents quotidiennement sur la peau et/ou les muqueuses (dentifrice, savons, shampoings, après shampoings, déodorants, mousses à raser, crèmes de jour, nuit, fonds de teint, parfums…) », écrit-elle.

Le traitement réside en l’application régulière d’un dermocorticoïde, jusqu’à la disparition des lésions. Et une fois l’eczéma traité, il est important de détecter l’allergène en cause. L’interrogatoire du patient notamment concernant les produits qu’il a utilisés est primordial.

Viennent ensuite les batteries de test visant à identifier le responsable de l’allergie. « Les allergènes les plus classiques responsables d’eczéma de contact allergique, sont les métaux avec le nickel en particulier (boutons pression, fermeture éclair, bijoux, piercings…). L’allergie aux parfums est également fréquente, tout comme celle liée aux conservateurs dans les cosmétiques », précise la dermato-allergologue. Notamment la MIT, pour méthylisothiazolone, responsable selon Angèle Soria d’une épidémie d’eczéma de contact allergique en Europe. On estime que 10 % de la population serait allergique à ce conservateur, interdit en 2017 dans les produit non rincés et limité dans les produits rincés. « Il faut savoir que les cosmétiques issus du commerce sur internet et provenant hors d’Europe, ne suivent pas forcément ces normes européennes », note la spécialiste.

De nouveaux allergisants très à la mode

La dermato-allergologue souligne en outre la responsabilité grandissante des huiles essentielles dans la survenue de l’eczéma de contact allergique. Celles-ci jouissent souvent d’une excellente réputation. « Le caractère naturel de ces produits incite à faire croire aux utilisateurs qu’ils seraient dénués de risque », ajoute-t-elle. Pourtant, elles contiennent des molécules de parfum également allergisantes. « Il faut penser à bien interroger les patients de l’éventuelle utilisation de tels produits en cas d’eczéma de contact allergique, car souvent les patients ne les mentionnent pas spontanément, considérant qu’ils sont ‘naturels’ ».

Autre point de vigilance, les acrylates et leurs dérivés « à l’origine de nombreux cas d’eczémas de contact allergique actuellement ». On les retrouve notamment dans les vernis à ongle semi-permanents et certains kits de faux-ongles disponibles sur Internet. Ils sont également présents dans les produits de dentisterie. Angèle Soria décrit des cas de patientes sujettes à des poussées d’eczéma de contact lors de soins dentaires et qui avaient été sensibilisés aux acrylates avec la pose de faux ongles.

Selon cette dermato-allergologue, il est important que les spécialistes alertent les autorités sanitaires des nouvelles sources d’eczéma de contact. En effet, le seul traitement disponible pour éviter la récidive de l’eczéma de contact allergique est d’éviter tout contact avec le produit incriminé. Car le patient restera allergique aux produits à vie.

  • Source : Société française de dermatologie, Ameli.fr

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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