Encore 1 aidant sur 3 ne se reconnaît pas comme tel

26 septembre 2024

Si le terme "aidant" commence à s'imposer dans les esprits, encore 1 aidant sur 3 s’ignore, d’après le baromètre 2024 du Collectif Je t’Aide. De plus, moins d'un aidant sur deux utilise ce terme précis pour décrire sa situation auprès de son entourage. L'invisibilité de ces 11 millions d’aidants persistera tant que les intéressés ne prendront pas conscience de leur rôle, tant auprès de leur proche qu'au sein de la société. Plus facile à dire qu’à faire.

Selon le baromètre 2024 du Collectif Je t’Aide, le terme “aidants” est globalement connu par une large majorité de la population française (88 %), et 45 % estiment qu’ils deviendront un jour aidant d’un proche. Ce chiffre, en constante progression avec les années, indique que la prise de conscience autour de l’aidance avance dans notre société.

Cependant, un aidant sur trois ignore encore qu’il remplit ce rôle, et certains préfèrent se définir autrement (frère, fille, mère, etc.). D’ailleurs, seuls 48 % des aidants utilisent ce terme exact pour décrire leur situation auprès de son entourage.

« Si les situations d’aidance sont aujourd’hui variées, on observe néanmoins un point commun ; très souvent, l’aidant ne se perçoit pas, ne s’identifie pas spontanément comme tel. Il se considère avant tout comme le parent, le frère, la sœur ou le conjoint, constate Laure Vezin, psychologue, responsable de la Plateforme d’accompagnement et de répit des aidants Sud 92 (Fondation Odilon Lannelongue, Vanves). Il estime « qu’il est de son devoir » d’aider son proche. » Au risque d’un véritable épuisement physique et psychologique, faute de demander de l’aide. Et en effet, 40 % des aidants déclarent ressentir une fatigue mentale et émotionnelle, tandis que 33 % évoquent une fatigue physique comme principales difficultés rencontrées dans leur rôle.

Intérioriser son rôle d’aidant prend du temps

De plus, un délai significatif sépare souvent le début de la situation d’aidance de l’intériorisation de ce rôle. Parmi les aidants qui se perçoivent comme tels (68 % du total), 39 % ont eu cette perception dès le début de l’accompagnement, tandis que 34 % en ont pris conscience grâce à leur entourage et 20 % grâce aux professionnels de santé.

« Si la connaissance du terme “aidants” progresse au sein de la population française, il est encore difficile pour les aidant.es, qui se reconnaissent en tant que tels, de parler de leur situation d’aidance à leur entourage. Cela s’explique par une sorte de mélange de pudeur, de volonté de garder ce sujet intime au sein du cercle familial, de peur d’être stigmatisé », commente Corinne Benzekri, présidente du Collectif Je t’Aide.

Des dispositifs de soutien souvent méconnus

Aujourd’hui, les dispositifs dédiés aux aidants restent largement méconnus. Un aidant sur deux a entendu parler des associations d’aidants (61 %) mais les formations pour aidants (51 %), les solutions de répit (48 %) et les plateformes de répit (36 %) restent trop peu connues. 55 % des aidants ont entendu parler du congé de proche aidant, créé en 2017 et indemnisé depuis 2020. Or, si les aidants ne se reconnaissent pas comme tels, comment peuvent-ils accéder aux solutions qui leur sont destinées, et ainsi prévenir des situations d’épuisement ?

Sur les épaules des femmes

Les femmes assument plus souvent les divers aspects du rôle d’aidant par rapport aux hommes : 70 % se déclarent comme aidantes principales et 26 % aident plusieurs personnes. Elles sont plus de la moitié à concilier activité professionnelle et rôle d’aidante.

Elles apportent également un soutien moral à leur proche à hauteur de 63 % (53 % chez les hommes aidants). Des écarts se retrouvent aussi dans l’accompagnement des déplacements : 57 % des femmes aidantes contre 46 % des hommes.

Concernant l’aide pour le suivi des comptes et les formalités administratives, 53 % des femmes aidantes se portent volontaires, et 39 % des hommes. Enfin, dans l’aide à l’organisation des relations avec les professionnels de santé, 49 % des femmes et 36 % des hommes aidants participent.

Les aidants, qui sont-ils ?

· 8,8 millions d’adultes et 0,5 million de mineurs de 5 ans ou plus sont proches aidants (chiffres 2023), soit respectivement un sur six et un sur vingt d’entre eux.

· 54 % sont des femmes (elles sont 52 % dans la population française).

· La plupart d’entre eux ont plus de 35 ans : 21 % ont entre 35 et 49 ans, 28 % entre 50 et 64 ans, et 23 % ont 65 ans ou plus. 58 % sont actifs professionnellement.

· En termes de soutien, 53 % aident un proche en situation de dépendance, 36 % un proche affecté par une maladie grave, chronique ou invalidante, et 23 % un proche en situation de handicap.

· Près de la moitié assistent un parent, et 77 % viennent en aide à une seule personne. Et parmi les « multi-aidants » (23 %), 16 % endossent ce rôle seuls, et 38 % ont entre 25 et 34 ans.

· 32 % des aidants aident depuis 1 à 2 ans, tandis que 35 % le font depuis 3 à 5 ans, soit 67 % au total qui assistent un proche depuis 1 à 5 ans. Cet accompagnement se traduit principalement par un soutien domestique (59 %) et moral (58 %).

 

AGENDA/ Les Rencontres 2024 de l’Association Santé respiratoire France, dédiées cette année aux aidants « PROCHES AIDANTS : AGIR POUR MIEUX (LES) ACCOMPAGNER ! », se tiendra au Palais du Luxembourg (Paris), le 22 novembre, sur place, en direct et en replay. Inscriptions : ici.

La 15ème Journée Nationale des Aidant.es, le 6 octobre prochain, aura pour thème “l’auto-reconnaissance des aidant.es”. En savoir plus : https://www.associationjetaide.org/

  • Source : Interview de Laure Vezin, psychologue (septembre 24) ; Baromètre réalisé sur internet par BVA Xsight, auprès d’un échantillon de 1005 français, dont 257 aidant.es, complété d’un sur-échantillon de 204 aidants (soit au total 461 aidants) du 11 au 18 juin 2024 ; Rapport Drees février 2023 n° 1255

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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