Endométriose : le risque de fausse couche confirmé

04 mai 2016

L’endométriose augmente significativement le risque de fausses couches. C’est le constat d’une étude française menée sur 750 femmes. Les avortements spontanés liés à cette pathologie surviendraient plus souvent au cours du premier trimestre de grossesse.

L’endométriose est une pathologie gynécologique caractérisée par l’invasion de divers organes par du tissu de la muqueuse utérine. Touchant près d’une femme sur dix, la maladie peut générer de fortes douleurs pelviennes, voire une infertilité. Le lien entre endométriose et sur-risque de fausses couches relevait jusqu’à présent de la simple suspicion. Le doute est à présent levé. Une équipe INSERM vient de démontrer que ce danger est bien réel.

Un sur-risque de 10% !

Ce travail a porté sur 750 femmes ayant déjà été enceintes dont 284 étaient endométriosiques. Les chercheurs ont analysé les réponses de ces femmes à un questionnaire indiquant leurs éventuels antécédents de fausse couche, comment s’étaient passées leurs grossesses, si elles avaient souffert d’épisodes d’infertilité, eu recours à la fécondation in vitro… Au total, l’équipe a ainsi passé en revue les données relatives à 478 grossesses pour le groupe « endométriose » et 964 pour le groupe contrôle.

Résultat, « dans le groupe endométriose, 139 grossesses avaient abouti à une fausse couche (soit 29,1%), contre seulement 19,4% dans le groupe contrôle. Soit un écart de près de 10% ! Nous avons mis clairement en évidence l’existence d’un sur-risque de fausse couche précoce au premier trimestre de grossesse en cas d’endométriose », résume le Dr Pietro Santulli, principal auteur de l’étude et chercheur à l’Unité Inserm 1016 Institut Cochin.

D’autres études à venir

« Ce travail est une première étape qui devrait susciter d’autres études fondamentales et cliniques sur l’impact de l’endométriose en cas de grossesse », poursuit Pietro Santulli. C’est déjà le cas avec un programme de recherche piloté par le Dr Louis Marcellin à l’hôpital Cochin. Il porte sur près de 1 500 femmes et vise à étudier l’impact de l’endométriose sur différents paramètres de la grossesse (dont les risques de prématurité).

Le chercheur et ses collègues ont en outre lancé des études se fondant sur l’utilisation de modèles murins de l’endométriose, dans l’unité dirigée par Pr Batteux à l’Institut Cochin. Objectif : cerner les causes biologiques de ce lien entre endométriose et fausses couches. « Il est grand temps d’en savoir plus sur cette maladie fréquente, mais qui reste pourtant encore largement méconnue, y compris du corps médical », concluent les chercheurs.

  • Source : INSERM, 3 mai 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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