Fin de vie : l’Académie de médecine se prononce pour une assistance au suicide
17 juillet 2023
Dans un avis rendu ce lundi 17 juillet, l’Académie nationale de médecine plaide pour une exclusion de l’euthanasie dans le futur projet de loi relatif à la fin de vie et accepte, « à titre exceptionnel, l’assistance au suicide, sous conditions impératives ».
Le débat sur la fin de vie en France doit aboutir en septembre à un projet de loi présenté en Conseil des ministres. Lundi 17 juillet, l’Académie nationale de médecine a publié un avis sur cette question hautement inflammable.
Elle soutient le suicide assisté mais exclut l’euthanasie. Le premier est une aide active à mourir qui consiste à mettre un produit létal à disposition d’une personne qui le demande et se l’auto-administre. Le second consiste en l’administration par un tiers d’un produit létal à une personne qui en fait la demande.
Plusieurs raisons poussent les académiciens à repousser l’euthanasie. Selon eux, celui-ci transgresse pour les médecins le serment d’Hippocrate. « Le risque existe de brouiller les repères de leur vocation et de leur engagement, et par là d’aviver la crise actuelle du manque de soignants dans les secteurs du sanitaire et du médico-social et plus encore dans les soins palliatifs », détaille l’Académie de médecine.
En outre, avec l’euthanasie, il serait selon eux plus difficile de revenir en arrière une fois le processus enclenché. « La possibilité de respecter l’hésitation et l’incertitude du choix ultime du patient est certainement préférable, comme l’est d’épargner aux soignants la lourde charge de pratiquer eux-mêmes l’acte médical, en s’en tenant à la seule prescription du produit létal », expliquent les académiciens.
Pour un encadrement strict
L’Académie de médecine ne veut pas systématiser l’assistance au suicide mais en faire un recours pour des personnes souffrant de maladies graves et incurables, en situation de détresses physique et psychologique. Elle plaide pour un encadrement strict, offrant « les garanties fortes d’une décision collégiale pour protéger les plus vulnérables, respectant les consciences de ceux qui se sont engagés à accompagner jusqu’au bout ceux qui vivent un supplice, et assortissant l’ouverture de ces droits à une évaluation vigilante pour leur application stricte, gage de la protection de dérives potentielles ».
L’Académie de médecine se prononce contre une nouvelle loi mais pour un aménagement de manière encadrée du dispositif actuel « par l’ouverture de droits nouveaux pour aider à mourir le moins mal possible, en acceptant à titre exceptionnel l’assistance au suicide, sous conditions impératives ». Pour cela, il est impératif de « mettre en place sur l’ensemble du territoire une offre en soins palliatifs correspondant aux besoins et accompagnée des moyens nécessaires ».
L’Académie recommande en outre une formation obligatoire, initiale et continue en soins palliatifs pour l’ensemble des personnels soignants, d’assurer un continuum entre les soins curatifs et palliatifs.