Gastro ou intoxication alimentaire : quelles différences ?
10 janvier 2024
Douleurs abdominales, vomissements, diarrhées… ces symptômes peuvent être évocateurs de la gastro-entérite. Mais aussi d’une intoxication alimentaire. Comment savoir si l’on souffre de l’une ou l’autre de ces affections ? Le point.
L’épidémie de gastro-entérite gagne du terrain partout en France avec une hausse des actes de SOS Médecins de 80 % pour vomissements chez les enfants et de 36% pour les adultes la première semaine de janvier. Les symptômes de cette maladie liée à un virus hivernal sont très proches de ceux de l’intoxication alimentaire, également appelée toxi-infection alimentaire. Maux de ventre, nausées, diarrhée, vomissements peuvent se manifester si l’on souffre de l’une ou l’autre de ces pathologies. Alors comment les différencier ?
La forme la plus fréquente de gastro-entérite, une inflammation des muqueuses de la paroi intestinale, est due à un rotavirus ou un adénovirus. C’est la forme de gastro-entérite qui sévit actuellement en France, sous forme d’épidémie. L’intoxication alimentaire est, elle, provoquée par la consommation d’un aliment ou d’une boisson contaminée par un agent pathogène, le plus souvent une bactérie telles que E. Coli, la salmonelle ou Listeria.
Le délai d’apparition des symptômes à la loupe
Si les symptômes ne sont pas spécifiques, c’est sans doute la temporalité qui peut mettre sur la piste d’une gastro-entérite ou d’une intoxication alimentaire. Cette dernière survient peu de temps après un repas. « C’est probablement la rapidité du début des premiers symptômes, soit une heure post-ingestion, qui parle le plus souvent pour une intoxication », précise l’hôpital suisse de la Tour.
Ainsi, alors que la période d’incubation de la gastro-entérite est d’au moins 24 heures, les symptômes d’une intoxication alimentaire surviennent dans les heures qui suivent la consommation de l’aliment contaminé. Ainsi, « si les symptômes persistent plus d’une journée après l’ingestion de l’aliment suspecté, il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse d’une gastro-entérite », lance l’Institut Pasteur.
Plusieurs personnes malades ?
Autre signe qui plaide en faveur de l’intoxication alimentaire : le fait que plusieurs personnes présentent des symptômes gastro-intestinaux une à quelques heures après le même repas. Si plusieurs personnes sont effectivement concernées, la piste de l’aliment contaminé est à privilégier.
Des symptômes évocateurs
Un symptôme en particulier peut mettre sur la piste de la gastro-entérite. Selon l’Institut Pasteur de Lille, la fièvre est en effet plus fréquente dans cette maladie que dans les cas d’intoxication alimentaire.
En outre la présence de glaire et de sang dans les selles « doit faire évoquer une intoxication alimentaire avec une bactérie capable d’attaquer la paroi de l’intestin (‘bactérie invasive’), ce qui nécessitera la prescription d’un antibiotique », note le site spécialisé Fréquences Officines.
La durée des symptômes
La durée des symptômes peut aussi être évocatrice. Les symptômes de la gastro-entérite persistent généralement plus longtemps que ceux de l’intoxication alimentaire qui eux disparaissent souvent en 12 à 24 heures. « Si les symptômes persistent plus d’une journée après l’ingestion de l’aliment suspecté, il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse d’une gastro-entérite virale », confirme l’Institut Pasteur de Lille.
Quelle prise en charge ?
Gastro-entérite ou intoxication alimentaire, l’important est d’éviter la déshydratation, notamment chez les personnes fragiles. Il convient également d’adapter son alimentation. « Buvez beaucoup de liquides, privilégiez les féculents comme le riz évitez les produits laitiers, la viande, les plats épicés, le sucre ou le gras », résume l’hôpital de la Tour. Une consultation est nécessaire pour les enfants de moins de deux ans et lorsque les symptômes persistent plus de deux jours ou s’intensifient.
Une intoxication par la bactérie Clostridium Botulinum (responsable du botulisme), qui atteint le système nerveux, potentiellement mortelle, constitue une urgence médicale. Si l’aliment en cause est un champignon, il convient également de consulter en urgence.
A noter : « En 2021, 1 309 toxi-infections alimentaires collectives ont été déclarées en France, affectant 11 056 personnes, dont 512 (5%) se sont présentées à l’hôpital (hospitalisation ou passage aux urgences) et 16 (0,14%) sont décédées », selon Santé publique France qui ajoute que Salmonella était l’agent pathogène le plus souvent retrouvé. Les intoxications alimentaires sont rarement graves mais des complications peuvent survenir chez les personnes à risque tels que les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
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Source : Santé publique France, Institut pasteur de Lille, Hôpital de la Tour, Fréquences Officines
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet