











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Hépatite C : quels délais pour l’accès universel ?
En France, 4 000 personnes contractent le virus de l’hépatite C chaque année. Tashatuvango/shutterstock.com
La Haute autorité de Santé (HAS) se prononcera en septembre prochain sur l’extension de la prescription des nouveaux antiviraux à action directe (NAAD). Un délai annoncé ce jeudi 16 juin, 5 jours après l’inscription par arrêté de l’accès universel à ces traitements au Journal officiel.
Annoncé par la ministre de la santé ce 25 mai, l’accès universel aux NAAD constitue un espoir dans la prise en charge des patients atteints d’une hépatite C. Jusqu’ici, la prescription de ces traitements était en effet réservée aux seuls malades symptomatiques, présentant des comorbidités et souffrant de graves complications (fibrose du foie avancée F3, F4) engendrées par l’hépatite C.
Or quel que soit le stade de fibrose, « les manifestations extra-hépatiques de la maladie engendrent des conséquences lourdes » comme la cirrhose ou le carcinome hépatocellulaire. Liée au « coût excessivement élevé des traitements, cette restriction des prescriptions des NAAD va par ailleurs à l’encontre des dispositifs de dépistage [tests rapides d’orientation diagnostique (TROD)] », explique le Conseil national du sida et des hépatites virales.
Etape par étape
L’accès universel à ces molécules efficaces à 90% relève donc de l’urgence. Cette mesure est prévue en plusieurs phases. Dans un premier temps, ces traitements seront accessibles aux malades « atteints d’une fibrose de stade F2, transplantés ou en attente de greffe, en hémodialyse, co-infectés par le VIH », confirme la HAS. Mais aussi aux patients présentant « des manifestations extra-hépatiques du virus de l’hépatite C, une infection (…) ou encore des facteurs de risque de progression rapide du VHC, tout stade de fibrose confondu ».
Dans une seconde phase, un rapport commandé auprès de l’ANRS et du CNS viendra préciser les modalités [d’une prescription pour tous] avant la fin de l’été. Et la HAS « rendra en septembre un avis complémentaire sur la stratégie de traitement des patients au stade F0 ou F1 asymptomatiques ». L’autorité se prononcera aussi sur « l’efficience des produits, très variable d’un stade de fibrose à un autre, éléments qui sont transmis au comité économique des produits de santé (CEPS) chargé de fixer le prix des médicaments ».
A quel prix ?
Viendra ensuite la phase des négociations du tarif des NAAD entre le CEPS et les industriels, « prévues en octobre ou novembre 2016 ». « Les fabricants sont prêts à négocier leur tarif », atteste Pascal Mélin, président de SOS hépatites fédération. Mais « les élections présidentielles du printemps 2017 laisseront peu de temps pour mettre en place cette mesure », note-t-il. Pourtant les priorités sont doubles : soigner le plus de patients possibles, et lutter contre la circulation de médicaments illégaux. Le manque d’accès aux soins lié aux prix très élevés des NAAD génère en effet « un marché parallèle de médicaments particulièrement inquiétant ». Un risque de falsification par ailleurs dénoncé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
A noter : Au total, 232 000 Français sont infectés par le virus de l’hépatite C. Parmi eux la moitié ignore leur statut sérologique.
Source : Haute autorité de Santé (HAS), le 16 juin 2016 - Interview de Pascal Mélin, président de SOS hépatites fédération, le 26 mai 2016 - Organisation mondiale de la Santé (OMS), Alerte Produit Médical n°3/2016 du 25 février 2016 - Conseil national du sida et des hépatites virales, le 25 mai 2016.
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon
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