HHC : ce qu’il faut savoir sur ce cannabinoïde de synthèse, en vente libre
11 mai 2023
Soumis à aucune législation, le HHC, dérivé du THC, la substance active du cannabis, se vend en toute légalité depuis près d’un an. Pourtant les alertes des spécialistes sur ses effets psychoactifs se multiplient. Le HHC doit-il être considéré comme une drogue ?
Qu’est-ce que le HHC ?
L’hexahydrocannabinol (HHC) est un dérivé hydrogéné du tétrahydrocannabinol (THC), le cannabinoïde naturel majoritairement présent dans le cannabis. Les cannabinoïdes correspondent à une famille de molécules qui activent les récepteurs cannabinoïdes présents dans le corps humain.
Le HHC est un cannabinoïde synthétisé à partir du cannabidiol (CBD). Il a été élaboré en laboratoire et ne contient pas de THC. Il a été synthétisé pour la première fois par le chimiste américain Roger Adams en 1944.
Où trouve-t-on du HHC ?
Selon l’ANSM, les premiers cannabinoïdes de synthèse ont été identifiés dès 2008, avec un essor en 2013 et la popularisation de la cigarette électronique.
Le HHC a été identifié en Europe en mai 2022, rapporte l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, surfant sur le boom du CBD. On le trouve légalement, disponible en deux clics sur les sites marchands ou en poussant la porte des nombreux commerces spécialisés qui ont ouverts leurs portes ces dernières années.
Le HHC est vendu en fleur, en huile, en bonbon, en e-liquide ou en résine. On peut le vaporiser, le fumer, le vapoter ou l’ingérer.
Quels sont les effets du HHC ?
« Selon un petit nombre d’études en laboratoire, le HHC semble avoir des effets globalement similaires à ceux du THC, la principale substance psychoactive du cannabis », développe l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies. « Les effets pharmacologiques et comportementaux du HHC chez l’homme n’ont pas été étudiés, bien que de récents rapports anecdotiques de consommateurs indiquent que ses effets pourraient être similaires à ceux du cannabis ».
Quels sont les effets potentiellement toxiques du HHC ?
Les effets du HHC seraient similaires aux cannabinoïdes de synthèse, décrit dans le rapport 2022 de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, portant sur les nouveaux produits de synthèse (Mildeca).
Dans la section sur les cannabinoïdes de synthèse, la Mildeca détaille les complications psychiatriques aiguës : rêves vifs ou non plaisants, manifestations psychédéliques, symptômes dissociatifs, hallucinations, paranoïa, anxiété, agitation, troublés mnésiques, confusion.
Et un tableau clinique sévère avec : tachycardie, hypertension artérielle, douleur thoracique, changements électrocardiographiques.
« Des cas de décès ont été rapportés notamment en cas d’association de substances », ajoute la Mildeca.
Addiction, syndrome de sevrage : quelles complications ?
Là encore, on a peu de recul, mais on estime que les effets du HHC sont proches des autres cannabinoïdes de synthèse. Ces derniers peuvent créer des complications liées à une exposition répétée. « Augmentation du risque de décompensation délirante, trouble schizophrénique, trouble dépressif, risque suicidaire, hallucinations persistantes, altérations cognitives, addiction », détaille la Midelca.
Le HHC peut en outre induire un syndrome de sevrage, responsable de plusieurs symptômes dont les douleurs, les vomissements, la désorientation spatiale…
Que disent les autorités sanitaires ?
Pour l’heure, le HHC « est surveillé en tant que nouvelle substance psychoactive (NPS) par le système d’alerte précoce (EWS) de l’UE depuis octobre 2022 », note l’Agence européenne du médicament.
En France, bien que de nombreux cannabinoïdes de synthèse aient bien été ajoutés à la liste des stupéfiants, le HHC n’y figure toujours pas. Plusieurs pays l’ont déjà interdit. L’Estonie, l’Autriche et récemment la Finlande.
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Source : ANSM, Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, Mildeca
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Emmanuel Ducreuzet