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Chaque année les infections à papillomavirus humains (HPV) sont responsables de 6 400 nouveaux cas de cancer, du col de l’utérus dans plus de la moitié des cas, environ 35 000 lésions précancéreuses et près de 100 000 condylomes ano-génitaux. Un moyen efficace de s’en prémunir ? La vaccination.
Actuellement, elle est recommandée en France pour les filles et garçons âgés de 11 à 14 ans, avec un rattrapage vaccinal pour les deux sexes entre 15 et 19 ans. Alors qu’un rattrapage vaccinal n’était jusqu’à présent recommandé jusqu’à 26 ans uniquement pour les HSH, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, la Haute autorité de Santé (HAS) demande d’élargir cette recommandation, selon un communiqué publié mardi 13 mai. Elle recommande un rattrapage vaccinal par le vaccin Gardasil 9 jusqu’aux 26 ans révolus de tous les jeunes adultes qui n’auraient pas été vaccinés entre 11 et 14 ans.
La HAS affirme avoir pris en compte les données sur l’efficacité du vaccin – jusqu’à 12 ans après la vaccination – et son profil de sécurité désormais bien documenté. Par ailleurs, alors que « trois quarts des jeunes adultes de cette tranche d’âge n’ont pas encore été exposés aux infections par le HPV, ceux-ci sont à risque élevé de les acquérir et de les transmettre ; le pic d’incidence pour les femmes en France se situant dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans », note la HAS. Pour les 3,6 millions de jeunes adultes de 20 à 26 ans qui n’ont pas bénéficié de la vaccination à l’adolescence, il s’agit, selon la HAS, d’une perte de chance.
Elargir le rattrapage vaccinal à tous les jeunes adultes jusqu’à 26 ans permettra aussi d’en finir avec une inégalité d’accès à la vaccination selon le genre et l’orientation sexuelle.
La HAS rappelle toutefois que la priorité reste la vaccination de la population cible, les filles et les garçons de 11 à 14 ans. En effet la protection du vaccin est optimale lorsqu’il est administré le plus tôt possible. A ce sujet, la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) se félicitait lundi 12 mai de la progression de la couverture vaccinale mais regrettait qu’elle reste très en deçà des objectifs. « En 2024, 58,4 % des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une première dose de vaccin ; elles étaient 54,6 % en 2023. En 2024, 36,9 % des jeunes garçons de 15 ans avaient reçu une première dose de vaccin ; ils étaient 25,9 % en 2023 ».
Selon la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021 – 2030, l’objectif de 60 % de couverture vaccinale devait être atteint d’ici 2023, 80 % d’ici 2030. Pour y parvenir, une campagne nationale de vaccination a été déployée dans les collèges pour les élèves de 5e à la rentrée 2023 mais peine encore à convaincre.
Les infections à papillomavirus sont extrêmement courantes. Près de 80 % des personnes sexuellement actives sont infectées au moins une fois au cours de leur vie par un ou plusieurs HPV. Mais le risque d’infection est bien supérieur au commencement de la vie sexuelle avec 60 % des primo-infections qui ont lieu dans les 5 ans suivant le premier rapport. L’infection est transitoire dans la grande majorité des cas et éliminée naturellement par le système immunitaire. Mais dans 5 à 10 % des cas, l’infection entraîne une lésion précancéreuse qui peut évoluer vers un cancer.
Pour rappel, le vaccin ne protège pas contre tous les types d’HPV à haut risque de cancer, ni contre les infections HPV déjà existantes au moment de la vaccination. Dans ce contexte, le dépistage et un suivi gynécologique restent des armes majeures de lutte contre le cancer du col de l’utérus.
Source : HAS, SFCPCV
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet