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L’hyperémotivité n’est pas une maladie. C’est simplement le fait de ressentir les émotions plus intensément et plus vite que la moyenne. Cette sensibilité accrue se manifeste lors d’une situation stressante, un propos maladroit, une pensée spontanée ou même un détail du quotidien.
« Ce n’est un problème que lorsque la personne en souffre, souligne Marion Inigo, psychologue à Montauban. Beaucoup de patients s’interrogent : Est-ce normal de ressentir ceci ou cela ? Parfois, le vrai enjeu, c’est l’acceptation de soi. » Car la question du « trop émotif » dépend du regard que l’on porte sur soi ou de l’importance qu’on accorde au regard des autres. « Les émotions ne se contrôlent pas. L’enjeu est plutôt d’apprendre à les réguler », ajoute-t-elle.
Première étape, « il faut identifier ce qui déclenche ces débordements », recommande Marion Inigo. Tout ne provoque pas les mêmes réactions et chacun a ses points sensibles. Le corps, lui, envoie des signaux avant que l’émotion ne prenne toute la place : gorge serrée, cœur qui s’accélère, chaleur… Les reconnaître permet de reprendre pied avant d’être submergé.
Le mode de vie joue aussi un rôle déterminant. « Le manque de sommeil, les stimulants (comme le café ou l’alcool) ou le stress quotidien rendent les émotions plus difficiles à canaliser, précise la psychologue. Adopter des routines protectrices, pratiquer une activité physique ou réduire certaines sources de tension peut déjà apaiser. »
Pour gérer les épisodes les plus intenses, des outils existent : cohérence cardiaque, exercices de respiration, activités apaisantes, étirements. Une thérapie peut également aider à diminuer les ruminations et à travailler sur les pensées automatiques négatives qui renforcent tristesse et anxiété.
Dans certains cas, consulter permet aussi d’écarter une éventuelle pathologie, comme un trouble bipolaire, dont les variations émotionnelles peuvent être confondues avec une hyperémotivité.
Reste une idée essentielle : l’hyperémotivité n’est pas une honte. Elle va souvent de pair avec une grande empathie, une attention particulière à la souffrance d’autrui. « Accepter d’être plus sensible que la moyenne est souvent le début du mieux-être », conclut la psychologue.

Source : Interview de Marion Inigo, psychologue à Montauban

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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