Il est né prématuré, pensez à… l’orthophoniste !

10 septembre 2014

A la naissance, les nourrissons prématurés sont souvent sujets aux troubles de la déglutition. C’est pourquoi des exercices d’orthophonie sont proposés en néonatologie. Par la rééducation, le petit va ainsi apprendre à avaler les liquides sans difficulté. Les précisions du Dr Frédérique Miller, orthophoniste à Wasselonne (Bas-Rhin).

Les lésions neurologiques liées à la prématurité peuvent perturber les réflexes de l’alimentation. La plupart des nourrissons nés avant 37 semaines d’aménorrhée connaissent ainsi une altération de la succion et de la déglutition.

« Du fait de fonctions immatures, les nouveau-nés atteints de ces troubles de l’oralité alimentaire ont du mal à ouvrir la bouche, et le port de la tête se fait difficilement », décrit le Dr Miller. « L’allaitement devient alors compliqué car l’enfant peine à trouver le sein de sa mère ».

Retrouver les réflexes

Initiée dès la naissance, une prise en charge orthophonique aide le nourrisson à acquérir ces deux mécanismes. « Chaque jour, quatre séances de stimulation de la sphère buccale et oro-facial sont proposées ». Maintenu pendant toute la durée de l’hospitalisation, ce travail aide à la tétée, « et peut avancer de 6 jours la date de la première tétée ou du premier biberon du nourrisson soigné, comparé à un enfant n’ayant pas bénéficié d’une prise charge ».

Lorsqu’une sonde nasogastrique est posée pour alimenter le nourrisson, celle-ci peut aussi être retirée plus tôt. Un second pas vers l’autonomie alimentaire non négligeable, compte tenu du traumatisme que peut générer l’hospitalisation prolongée.

Climat de confiance

« Univers fait de bruits étrangers et de lumières vives, le service de néonatologie peut stresser l’enfant. D’autant que le petit, protégé dans sa couveuse, est souvent isolé et privé des premiers échanges tactiles », confirme le Dr Miller. Espaces calmes et tamisés, les Unités de vie Kangourou sont ainsi proposées aux familles. « Il s’agit de créer un environnement dans lequel l’enfant se sente en confiance, où il pourra être mis au contact de ses parents au moment des repas », explique le Dr Miller.

Un suivi sans relâche

« En néonatologie, les parents peuvent d’ailleurs assister aux séances d’orthophonie afin de s’imprégner des gestes à répéter au quotidien », souligne le Dr Miller. L’idée, accompagner leur enfant vers le chemin de l’autonomie alimentaire. Et pour cause, si les soins orthophoniques ne sont pas maintenus à la maison, les troubles de la déglutition peuvent perdurer jusqu’au « passage de l’alimentation liquide au solide, voire jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, lorsque les goûts commencent à s’affirmer », prévient le Dr Miller. D’autant qu’en grandissant, les enfants prématurés ont tendance à être difficiles à table et à sélectionner leurs aliments.

  • Source : Interview du Dr Frédérique Miller, orthophoniste à Wasselonne, lundi 25 août 2014

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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