Le sexe oral à l’origine d’une « épidémie » de cancers de la gorge ?
03 mai 2023
Dans les pays occidentaux, les cancers oropharyngés, qui touchent l’arrière de la gorge ou l’amygdale, croissent de manière très importante depuis une vingtaine d’années. Principale cause de cette explosion des cas : les virus HPV, qui se transmettent notamment lors de rapports oro-génitaux.
Environ un tiers des cancers de l’oropharynx sont désormais causés non plus par le tabac ou l’alcool, mais par la pratique du sexe oral, vecteur des papillomavirus humains (HPV). Cette donnée concerne non seulement la France (3 000 nouveaux cas de cancers de la gorge attribuables aux HPV chaque année, selon l’Institut national du cancer), mais aussi la plupart des pays occidentaux, comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne.
Au point que certains chercheurs n’hésitent pas à parler d’« épidémie », rappelle dans The Conversation Hisham Mehanna, professeur de l’Institut du cancer et des sciences génomiques de l’Université de Birmingham. « Pour le cancer de l’oropharynx, le principal facteur de risque est le nombre de partenaires sexuels au cours de la vie, en particulier le sexe oral », poursuit le chercheur. « Les personnes qui ont au moins six partenaires de sexe oral au cours de leur vie ont 8,5 fois plus de risques de développer un cancer oropharyngé que celles qui ne pratiquent pas le sexe oral. »
Vaccination anti-HPV
Est-il possible de prévenir ces cancers ? Il semblerait que oui, selon le chercheur : la vaccination anti-HPV, initialement recommandée aux seules jeunes filles pour prévenir le cancer du col de l’utérus, HPV-induit dans neuf cas sur dix, pourrait « également être efficace pour prévenir l’infection par le HPV dans la bouche ».
En France, la vaccination anti-HPV est recommandée aux filles (depuis 2007) et garçons (depuis 2021) âgés de 11 à 14 ans (schéma à deux doses) et fera l’objet d’une campagne généralisée et gratuite au collège à la rentrée prochaine. A ce jour, seules 41,5% des jeunes filles âgées de 16 ans bénéficient d’un schéma complet, et 12,8% des jeunes garçons ont bénéficié de la première dose.