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Trois patients ayant reçu des injections illégales de toxine botulinique présentent des symptômes sévères de botulisme, notamment des difficultés respiratoires ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). La toxine botulinique, plus connue sous le nom de Botox, n’est pas un produit anodin. C’est un médicament puissant, une neurotoxine, utilisé en médecine esthétique. Du fait du relâchement musculaire qu’elle entraîne, on s’en sert pour atténuer les rides, mais aussi dans le traitement de troubles musculaires (incontinence fécale, vessies hyperactives, …) ou neurologiques (après un accident vasculaire cérébral, une lésion de la moelle épinière ou en cas de sclérose en plaques…), dans la migraine, la douleur, la transpiration excessive. Elle est même en test dans les troubles du rythme cardiaque.
Mal dosée, mal injectée ou issue de circuits parallèles, elle peut provoquer une intoxication sévère : le botulisme. Cette maladie s’attaque au système nerveux, provoque une paralysie progressive et peut être mortelle. Ces injections sont donc réservées à des médecins formés et autorisés (dermatologues, chirurgiens plasticiens, spécialistes de la face et du cou, chirurgiens maxillo-faciaux ou ophtalmologistes) utilisant des produits contrôlés et approuvés. Se faire injecter par des professionnels ou dans des circuits non autorisés, c’est prendre un risque grave et parfaitement évitable.
Cette nouvelle alerte ce 23 octobre de l’ANSM vient le rappeler. C’est le deuxième avertissement de l’année, après celui publié en février. Entre août et septembre 2024, huit cas graves de pharmacovigilance liés à des injections illégales de toxine botulinique (surdosage, notamment, dans un centre avec personnel non qualifié) avaient été signalés. Ce précédent warning n’a visiblement pas suffi : depuis, trois nouveaux cas graves ont été recensés en France à la suite d’injections illégales de toxine botulinique.
Une intoxication à la toxine botulinique peut provoquer une atteinte neurologique grave, se manifestant par des troubles typiques tels qu’une vision floue ou double, un affaissement des paupières, une faiblesse musculaire importante pouvant aller jusqu’à une paralysie descendante (type de déficit moteur qui commence généralement par les muscles les plus hauts ou centraux du corps (du visage, du cou ou des bras) et progresse vers les muscles plus bas, du tronc, des jambes…) , tout en conservant la conscience et la sensibilité. Des difficultés à parler, à avaler (avec risque de fausses routes) ou à respirer peuvent aussi apparaître.
Dans les formes les plus sévères, le botulisme impose une hospitalisation en urgence, souvent en réanimation, et peut être fatal.
L’ANSM invite patient, soignants et industriels à déclarer tout effet indésirable : ici.
Certaines pratiques doivent immédiatement éveiller la méfiance : injections proposées par des personnes sans qualification médicale (esthéticiennes, particuliers), réalisées dans des lieux non médicaux comme des domiciles ou des instituts de beauté. Méfiance également face aux promesses irréalistes (« sans effet secondaire », « injection indolore »), aux promotions diffusées sur les réseaux sociaux – la publicité pour un médicament soumis à prescription médicale est interdite en France – ou encore aux offres à prix cassés. Enfin, toute proposition d’achat de toxine botulinique sur internet est illégale : ce médicament ne peut être prescrit et administré que par un professionnel de santé autorisé.
Les produits à base de toxine botulique ont le statut de médicament. A ce titre, leur commercialisation nécessite qu’ils disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) garantissant leur qualité, leur sécurité et leur efficacité.
En 2021, l’ANSM avait déjà alerté directement les professionnels sur les risques liés à l’achat de toxine botulinique falsifiée. Les dangers sont sérieux : leur fabrication et leur transport ne font l’objet d’aucun contrôle de qualité, ils peuvent contenir des substances toxiques ou non stériles responsables d’infections, de réactions allergiques, de nécrose cutanée ou de brûlures. Leur conformité n’est validée par aucun organisme compétent. Seul l’achat auprès du fabricant ou de son distributeur officiel garantit la sécurité du produit. De plus, des prix trop attractifs doivent mettre la puce à l’oreille, et faire suspecter une contrefaçon. Pour les produits de comblement, la présence du marquage CE accompagné des quatre chiffres de l’organisme notifié doit être systématiquement vérifiée et, en cas de doute, le fabricant peut confirmer l’authenticité du produit à partir du numéro de lot et de la date de péremption.
Source : ANSM communiqué du 23/10/2025 Des pratiques illégales d’injection de toxine botulinique mettent en danger les utilisateurs
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet