IVG : comment expliquer la hausse des avortements en France ? 

25 septembre 2024

En 2023, plus de 243 000 femmes ont eu recours à l’interruption volontaire de grossesse en France, un chiffre en hausse par rapport en 2022, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse est à son plus haut niveau en France depuis 1990. En 2023, 243 623 IVG ont été réalisées, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publié ce mercredi 25 septembre. C’est 8 600 avortements de plus qu’en 2022. Ainsi, en 2023, le taux atteint 16,8 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans . Un chiffre bien plus élevé chez les 20-34 ans, à 28,2 ‰.

Le nombre de recours à l’IVG a augmenté partout en France mais les disparités territoriales sont marquées, variant de 1 à 4, entre les Pays de la Loire (taux le plus faible) et la Guyane (taux le plus élevé). « En France métropolitaine, ils varient de 12,4 ‰ en Pays de la Loire à 23,3 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans les DROM, les taux sont compris entre 19,4 ‰ à Mayotte et 48,9 ‰ en Guyane », écrit la Drees.

79 % d’IVG médicamenteuses

41 % des IVG ont été réalisées en 2023 hors des établissements de santé. La méthode médicamenteuse représente 79 % de l’ensemble des avortements : 48 % d’entre eux ont lieu en établissement de santé, 46 % en cabinet libéral et 6 % en centre de santé ou centre de santé sexuelle.

L’IVG médicamenteuse consiste à prendre successivement deux médicaments : la mifépristone qui interrompt la grossesse puis le misoprostol qui permet d’expulser l’embryon. Pour rappel, jusqu’en 2005, toutes les IVG médicamenteuses étaient réalisées dans des établissements de santé. Elles ont ensuite été autorisées en ville, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle.

Jusqu’au Covid-19, à la 8e et 9e semaine d’aménorrhée (6e et 7e semaine de grossesse), l’IVG médicamenteuse devait être réalisée en établissement de santé. Les règles avaient changé durant la pandémie afin de répondre aux demandes d’IVG, dans les délais légaux, malgré la situation sanitaire : il était désormais possible de pratiquer une IVG médicamenteuse hors des établissement de santé (médecins, sages-femmes de ville et centres habilités). La mesure a été maintenue après le Covid et pourrait expliquer, en partie seulement, la hausse du nombre d’IVG.

9,5 % d’IVG tardifs

En 2022, le délai de recours à l’interruption volontaire de grossesse a été allongé, passant de 12 à 14 semaines de grossesse (14 à 16 semaines d’aménorrhée). Quel impact a eu ce changement sur le nombre d’IVG ? Les IVG dites tardives, réalisées à partir de 12 semaines d’aménorrhée représentent 9,5 % de l’ensemble des IVG réalisées en établissement de santé où trois IVG sur quatre ont lieu entre 5 et 9 semaines d’aménorrhée. 2,5 % de ces IVG hospitalières sont concernées par l’allongement du délai légal, soit 1,5 % du total des IVG.

Sarah Durocher, présidente du Planning familial, soulignait mercredi matin au micro de Franceinfo que si « la hausse du nombre d’avortements n’est pas un problème » en soi, elle regrettait qu’il y ait « très peu d’informations autour de la contraception » et trop peu d’éducation à la sexualité, notamment à l’école.

A la fin du mois d’août, l’Organisation mondiale de la Santé alertait sur le recul du recours au préservatif chez les jeunes. « De nombreux pays négligent encore de dispenser une éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge et, lorsqu’elle existe, elle est de plus en plus critiquée ces dernières années en raison de l’hypothèse erronée selon laquelle elle encourage les comportements sexuels, alors qu’en vérité, le fait de doter les jeunes des connaissances dont ils ont besoin au bon moment permet d’optimiser les résultats sanitaires grâce à l’adoption d’un comportement et de choix responsables », avait critiqué Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Enfin, la présidente du Planning familial dénonçait également sur Franceinfo « un manque d’accès à la santé » alors que dans certaines régions, les délais sont parfois longs pour consulter un gynécologue ou une sage-femme.

  • Source : Drees, Franceinfo, OMS, ANSM, HAS

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

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