Santé sexuelle : les 18-35 ans de moins en moins informés sur les MST

04 septembre 2024

Les connaissances des jeunes adultes sur les maladies sexuellement transmissibles et leur prévention reculent de façon inquiétante en France. C’est ce que révèle une enquête du Syndicat national des dermatologues.

Ce mercredi 4 septembre se tient la Journée mondiale pour la santé sexuelle. Et, en la matière, la tendance est inquiétante. La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la Santé alertait sur le recul du recours aux préservatifs dans le monde chez les adolescents âgés de 15 ans. Et en France ? Une étude de l’institut de sondage Harris Interactive pour le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) révèle une baisse du niveau de connaissances des jeunes adultes sur les maladies sexuellement transmissibles depuis 2016.

Quelles connaissances des MST chez les 18-35 ans ?

« Le Sida (l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine – VIH, ndlr)  reste la première maladie citée spontanément par 77 % des 18-35 ans même si, en assisté (connaissance d’une MST dans une liste fournie par l’enquêteur, ndlr) le Sida (83 % vs 96 % en 2016) a été moins mentionné qu’en 2016 », lit-on dans le communiqué du SNDV. La connaissance de l’herpès génital recule de 76 % en 2016 à 51 % en 2024, les morpions de 63 % à 38 %, la syphilis de 75 % à 53 %. Même tendance pour les hépatites B et C.

La connaissance des différentes infections recule de 13 à 25 points entre 2016 et 2024. Seules les notions sur des chlamydias reste stable (42 et 43 %), tandis que le papillomavirus a lui bénéficié d’une mise en lumière notamment avec la campagne de vaccination dans les collèges (53 % en 2024 contre 45 % en 2016).

D’autres maladies sont, elles, faussement associées à des MST. Ainsi, 35 % des 18-35 ans associent la maladie de Crohn, la tuberculose ou le psoriasis à une MST.

L’absence de symptômes des MST, un danger

Tandis que la figure de proue de la lutte contre les MST demeure le dépistage, une personne sur trois ignore qu’une MST peut être asymptomatique. Alors que chez les 18-35 ans, 72 % étaient informés sur cette éventualité en 2016, ils ne sont plus que 61 % en 2024. De même, ils ne sont que 57 % à connaître les premiers signes de la maladie, comme les brûlures et les écoulements.

En outre, ils ne sont que 49 % à savoir que les MST sont transmissibles de la mère à l’enfant (67 % en 2016). Plus inquiétant encore, seuls 62 % des répondants affirment que ces maladies sont transmissibles par voie anale ; ils étaient 72 % en 2016. 27 % des 18-35 ans pensent que les MST sont transmissibles uniquement par voie vaginale ou par la verge.

Quelles protections chez les jeunes adultes ?

Alors que les 18-35 ans ne sont que 51 % à utiliser systématiquement un préservatif avec des partenaires occasionnels, seuls 73 % d’entre eux pensent que la meilleure protection contre les MST est le préservatif. Ils étaient 84 % en en 2016.

Quant à la PrEP (médicament préventif pris par une personne non infectée par le VIH ayant des conduites à risque), seuls 6 % des répondants en ont connaissance. Parmi ceux qui la connaissent, 15 % des jeunes adultes y ont recours après un comportement à risque.

Pas suffisamment d’éducation sur la santé sexuelle

Récemment, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies qui alertait sur « une vague inquiétante » d’infections à chlamydia, de syphilis et de gonorrhées. Pour lutter contre ce fléau, la France vient de lancer le dispositif Mon test IST, qui outre le dépistage du VIH, permet au moins de 26 ans de se faire dépister à leur demande, sans ordonnance et gratuitement, de quatre autres IST : l’hépatite B, la syphilis, la gonorrhée et la chlamydiose.

Mais sans une information et une éducation des jeunes à la hauteur de l’enjeu, ce type de dispositif reste insuffisant. La semaine dernière, l’OMS regrettait une trop faible éducation complète à la sexualité, adaptée à l’âge. « Le fait de doter les jeunes des connaissances dont ils ont besoin au bon moment permet d’optimiser les résultats sanitaires grâce à l’adoption d’un comportement et de choix responsables », plaidait le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. En France, alors que l’éducation à la sexualité à l’école a été rendue obligatoire en 2001 à raison d’au moins trois séances annuelles, seuls 15 % des élèves en bénéficient pendant l’année scolaire à l’école et au lycée, selon le Planning familial.

* Etude sur la Perceptions et connaissances des MST réalisée par Harris Interactive pour le Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues portant sur échantillon national représentatif de la population française de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus du 01 juillet au 4 juillet 2024.

  • Source : le Syndicat national des dermatologues vénérologues – Le planning familial – l’Organisation mondiale de la Santé

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils