La chirurgie bariatrique, un traitement du diabète ?

22 mars 2018

Depuis plusieurs années, la chirurgie bariatrique a pris de l’ampleur dans le traitement de l’obésité sévère à morbide. Mais dès les années 1990, des études ont aussi montré son intérêt dans la prise en charge du diabète. A l’occasion du Congrès annuel de la Société francophone du Diabète à Nantes, du 20 au 23 mars 2018, les spécialistes font le point.

« Entre les années 1970 et 1995, plusieurs études documentent de manière répétée une rémission de diabète après chirurgie bariatrique », rappelle le Dr Emmanuel Disse, diabétologue aux Hospices Civils de Lyon. Mais ce n’est que vers 2006-2007 que des études chez l’homme « commencent à explorer l’utilisation intentionnelle de celle-ci dans le traitement de cette maladie métabolique ». Elle est qualifiée en 2007 de ‘chirurgie métabolique’.

Différents mécanismes expliquent les effets bénéfiques de l’intervention, parmi lesquels le jeûne imposé pendant les jours suivants l’opération. Mais également plusieurs phénomènes en lien avec les intestins. Par exemple une baisse de l’absorption intestinale du glucose.

Opérer en dessous d’un IMC de 35 ?

Pour autant, une rémission du diabète de type 2 peut-elle être espérée chez tous les patients ? Là réside la question principale que se posent les diabétologues. Et la chirurgie bariatrique pourrait-elle être envisagée chez des diabétiques à l’indice de masse corporelle (IMC) inférieur à celui pour lequel elle est pour le moment indiquée ?

En tout cas, les études se poursuivent, montrant une nette supériorité de la chirurgie pour parvenir à une rémission du diabète, comparé à une prise en charge médicamenteuse. Le pourcentage de rémission est le même quel que soit le poids – dans le cadre d’une obésité toutefois. Il s’élève à 71% pour les IMC de plus de 35 et de 72% pour ceux de 30 à 35.

Malgré cette littérature, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’a pas encore validé cette dernière indication. Même si la Société francophone du Diabète estime qu’elle « constitue une option thérapeutique à considérer » chez les patients d’IMC entre 30 et 35 s’ils sont « mal équilibrés malgré un traitement anti-hyperglycémiant bien conduit ».

Des critères d’indication encore flous

Reste que les médecins ont du mal à déterminer quels patients pourraient bénéficier de cette chirurgie métabolique. A quel âge ? Quel poids ? La maladie doit-elle être récente ? Avec ou sans antécédent de traitement ? Afin de décider, des chercheurs tentent de développer des scores, à présent aidés par des algorithmes mathématiques. Ces scores prédictifs semblent aider les médecins dans leur décision thérapeutique, mais présentent encore des lacunes « car de nombreux patients se trouvent dans des catégories intermédiaires », explique le Pr Judith Aron, diabétologue à la Pitié Salpêtrière (Paris). Impossible de prévoir si la chirurgie permettra une rémission chez eux.

Malgré cela, « la rechute du diabète après l’intervention n’est pas totalement néfaste car la chirurgie montre quand même un effet favorable sur le métabolisme (amélioration glycémique et réduction des traitements ndlr) », rappelle le Dr Patrick Ritz, diabétologue au CHU de Toulouse. Quoi qu’il en soit, et même chez les patients pour lesquels la perte de poids est spectaculaire et la rémission du diabète semble complète, « un suivi à vie est indiqué ». Les complications à long terme – ostéoporose, pathologies neurologiques… – constituent un « nouveau champ d’investigation et une nouvelle médecine », conclut-il.

A noter : en France, 50 000 patients sont opérés chaque année par chirurgie bariatrique.

  • Source : Congrès annuel de la Société francophone du Diabète, à Nantes du 20 au 23 mars 2018

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils