La contraception injectable, pourquoi n’est-elle jamais proposée en première intention ?

25 septembre 2025

Parmi l’offre de moyens contraceptifs chez la femme, il en existe un dont on parle très peu : les progestatifs injectables. Une contraception longue durée d’action, rarement prescrite du fait de ses effets indésirables et d’alternatives moins contraignantes, comme les stérilets ou l’implant contraceptif. La connaissez-vous ?

Lorsqu’on parle de contraception injectable, il s’agit d’un progestatif de synthèse, l’acétate de médroxyprogestérone, administré par injection intramusculaire tous les trois mois, généralement dans la fesse. Cette injection bloque l’ovulation, épaissit la glaire cervicale et rend la muqueuse utérine moins favorable à la nidation, assurant une contraception de longue durée.

Une efficacité satisfaisante

Lorsque les intervalles d’injection sont respectés, l’efficacité théorique de ce contraceptif est de 99,7%. Certains médicaments (rifampicine, phénylbutazone, certains antiépileptiques), peuvent la réduire. Si l’injection est réalisée dans les cinq premiers jours du cycle, la protection est immédiate. Dans le cas contraire, il faut utiliser une méthode contraceptive supplémentaire, comme les préservatifs, pendant sept jours.

Avantage ? Une piqûre et 12 semaines de tranquillité

Les progestatifs injectables ne nécessitent donc pas d’attention pendant 12 semaines. C’est l’une des raisons pour laquelle ils sont proposés surtout chez les femmes présentant des difficultés d’observance c’est-à-dire chez celles qui, pour différentes raisons, ne peuvent assurer elles-mêmes leur contraception. Elle reste donc très peu prescrite en France et ailleurs, et s’adresse principalement à des situations particulières, par exemple chez celles suivies pour des troubles psychiatriques, vivant en institution pour handicap, ou nécessitant un suivi rapproché parce qu’elles ne peuvent pas gérer une contraception quotidienne, voire pour des raisons de discrétion, notamment chez des mineures. L’intérêt est d’éviter une prise régulière de comprimés.

Une liste de contre-indications

Parmi les contre-indications on trouve le cancer du sein, celui de l’endomètre, l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies du foie, ainsi que les maladies thromboemboliques artérielles et veineuses. Par ailleurs, les progestatifs injectables diminuent le taux normal d’œstrogènes, entraînant – du moins en théorie – une réduction de la densité minérale osseuse. Vigilance donc chez les femmes présentant des facteurs de risque d’ostéoporose (consommation chronique d’alcool ou de tabac, antécédent familial de fracture ostéoporotique, traitement prolongé par corticoïdes).

Une tolérance qui laisse à désirer

Les effets indésirables très fréquents (plus de 10 % des personnes) sont la nervosité, les maux de tête, les douleurs abdominales et une prise de poids, qui peut être de quelques kilos, d’où les conseils habituellement dispensés de limiter son apport calorique et d’augmenter ses dépenses énergétiques. Les effets fréquents (1 à 10 % des personnes) comprennent la dépression (un effet secondaire qui reste cependant à étayer par des études solides), la baisse de la libido, les vertiges, les nausées, les ballonnements, la chute de cheveux, l’acné, les éruptions cutanées, la tension des seins et les pertes vaginales. Quant aux effets peu fréquents (moins de 1 % des personnes), ils incluent l’insomnie ou la somnolence, les convulsions, les bouffées de chaleur, l’hirsutisme, l’urticaire et les démangeaisons. L’arrêt ou l’irrégularité des règles est fréquent, avec parfois des saignements intempestifs.

En pratique, ce mode de contraception est souvent mal toléré : il peut induire des symptômes proches du syndrome climatérique (comme en cas de ménopause), notamment des bouffées de chaleur, qui amènent parfois à associer un traitement par œstrogènes pour améliorer la tolérance.

Une prescription qui reste exceptionnelle

Du fait de ces limites et de la contrainte des injections répétées, la prescription reste rare et se fait surtout dans des centres de santé sexuelle ou à l’hôpital. La contraception injectable est très rarement prescrite en cabinet de ville. Peu de gynécologues suivent des patientes qui viennent tous les trois mois pour leur injection, éventuellement dans des contextes très particuliers, comme une adolescente dont la contraception doit rester discrète vis-à-vis des parents.

La contraception injectable n’est presque jamais proposée en première intention. Elle reste une option de dernier recours, dans des situations très spécifiques où les autres méthodes ne sont pas adaptées. Et d’ailleurs, même pour les patientes présentant des difficultés d’observance, les médecins privilégient d’abord un implant contraceptif ou un dispositif intra-utérin, qui offrent une meilleure tolérance et un suivi moins contraignant. D’autant que ces solutions offrent des durées de prescription prolongées : huit ans pour les dispositifs intra-utérins et trois ans pour les implants.

A noter : Depuis le 1er juillet 2024, les conditions de prescription et de délivrance des médicaments à base d’acétate de médroxyprogestérone ont été renforcées. Principe de précaution en France vis-à-vis du risque de méningiome (une tumeur des membranes qui entourent le cerveau : les méninges).

  • Source : Vidal (consulté le 15/09/25) ; questions sexualité (Ministère de la santé/Santé publique France, consulté le 15/09/25) ; le manuel MSD (consulté le 15/09/25) ; interview de médecin spécialiste (septembre 2025).

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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