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Une grande étude danoise, qui a porté sur plus de 2 millions de femmes (de 15 à 49 ans), a analysé les risques thromboemboliques dans la « vraie » vie des différents modes de contraception hormonale (pilule œstroprogestative, anneau vaginal, patch contraceptif, progestatif oral seul, implant sous-cutané, dispositif intra-utérin hormonal).
La différence avec les nombreux autres travaux est que, cette fois-ci, les scientifiques ont étudié non seulement le type d’hormones, mais également la voie d’administration et la durée pendant laquelle celle-ci a été utilisée. Que retenir de cette nouvelle étude publiée dans le British medical journal ? Si la plupart des moyens de contraception sont associés à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC), le DIU semble être le plus « safe ».
Les femmes incluses, âgées de 15 à 49 ans, entre 1996 et 2021, étaient sans antécédent de thrombose artérielle ou veineuse, d’utilisation d’antipsychotiques, de cancer, de thrombophilie, de maladie du foie ou des reins, de syndrome des ovaires polykystiques, d’endométriose, de traitement de l’infertilité, d’utilisation d’une hormonothérapie, d’ovariectomie ou d’hystérectomie. Au total, 4 730 AVC ischémiques et 2 072 infarctus du myocarde ont été recensés.
Avant de livrer les résultats, précisons que le risque de base d’AVC et d’infarctus du myocarde est faible chez les femmes en âge de procréer, et donc la majorité de celles qui sont sous contraception. Par conséquent, l’excès de risque observé reste faible : par exemple, doubler un risque au départ très faible est à relativiser.
Ce qui n’empêche pas de tenir compte de ces résultats avant de prescrire ces contraceptifs. En effet, chez des femmes ayant des facteurs de risque cardiovasculaires (obésité, diabète, dyslipidémies, diabète, syndrome des ovaires polykystiques, etc.), l’augmentation du risque de thrombose artérielle peut être plus important, voire contre-indiquer la prescription dans certains cas.
Alors que le dispositif intra-utérin (DIU) à la progestérone n’est associé à aucun risque accru d’AVC ni d’infarctus du myocarde (celui au levonorgestrel est le plus courant) :
· L’utilisation d’une contraception orale œstroprogestative est associée à un doublement du risque d’AVC et d’infarctus du myocarde. Cela se traduit par 21 AVC supplémentaires pour 100 000 personnes-années (autrement dit, chez 10 000 femmes suivies pendant 10 ans, on observe 21 AVC de plus par rapport aux non-utilisatrices) et 10 infarctus du myocarde de plus. Concrètement, une utilisatrice sur 4 760 connaîtrait un AVC en un an, tandis qu’un infarctus surviendrait chez une femme sur 10 000, par rapport aux non-utilisatrices.
· Le patch œstroprogestatif est associé à une augmentation du risque d’AVC ischémique : les utilisatrices ont 3,4 fois plus de risques de subir un AVC ischémique par rapport aux non-utilisatrices, selon les données de l’étude. En revanche, aucune augmentation du risque d’infarctus du myocarde n’a été observée.
· Par rapport à l’absence de contraception hormonale, la contraception progestative orale entraîne une élévation du risque d’AVC et d’infarctus du myocarde qui est évalué à 15 AVC supplémentaires et 4 infarctus pour chaque 100 000 personnes-années. En d’autres termes, si l’on suit 100 000 femmes pendant une année (ou 10 000 femmes pendant 10 ans), on s’attend à voir, dans ce groupe de personnes, 15 AVC et 4 infarctus supplémentaires chez celles qui utilisent la contraception progestative orale.
· L’implant contraceptif double le risque d’AVC ischémique par rapport à l’absence de contraception hormonale. La progestérone injectable présente également un risque accru d’AVC (augmenté de 1,8 fois). Le risque d’infarctus du myocarde est trop faible pour être mesuré.
Source : Yonis H, Løkkegaard E, Kragholm K, et al. Stroke and myocardial infarction with contemporary hormonal contraception BMJ. 2025 Feb 12;388:e082801.
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet