La grasse matinée : bonne ou mauvaise idée ?
15 avril 2022
Rattraper des nuits trop courtes en semaine par une bonne grasse matinée le week-end. C’est un réflexe pour beaucoup d’entre nous… mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Moins de 7 heures de sommeil par 24 heures pendant la semaine, c’est désormais la norme pour bon nombre d’adultes (et d’adolescents), en France. Et c’est insuffisant pour une bonne récupération, rappelait Santé publique France dans une publication de 2019, sur la base de données collectées en 2017 auprès de plus de 12 000 Français de 18 à 75 ans.
Selon cette vaste étude, plus d’un quart de ces adultes sont en situation de dette de sommeil, et près d’un sur cinq en « dette sévère ». Avec de potentielles conséquences bien documentées : somnolence, baisse de concentration, troubles de l’humeur, altération du jugement… Mais aussi, à plus long terme, augmentation du risque de trouble cardiovasculaire, d’AVC, de diabète ou hypertension artérielle. Pour compenser cette dette de sommeil en semaine, la tentation est grande d’augmenter son temps de sommeil le week-end. Autrement dit : de faire une grasse matinée. Mais est-ce réellement bon pour la santé ? Ce n’est pas si sûr.
Grasse mat’ : une envie ou un besoin ?
Selon une étude parue en 2018, « le taux de mortalité chez les participants ayant un sommeil court pendant la semaine, mais un sommeil long pendant le week-end, ne différait pas du taux du groupe de référence » aux horaires de sommeils réguliers. Donc, la grasse matinée du week-end n’augmente pas le risque de mortalité. C’est déjà une bonne nouvelle !
Mais elle a d’autres conséquences. Vous le savez, le sommeil réparateur est celui du début de nuit. Celui du matin l’est moins, car ce moment est marqué par une augmentation de la température corporelle et la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress. Cette augmentation est programmée par l’horloge biologique. De plus, en croyant « rattraper » le sommeil manquant en prolongeant le sommeil le matin, on perturbe la synchronisation de l’horloge biologique qui a besoin de signaux réguliers, notamment les horaires de coucher et, surtout, de lever. Et cette perturbation chronique est associée à une augmentation des risques de somnolence, de fatigue diurne et de mauvaise humeur durant la semaine. Donc, plutôt que de traîner au lit, préférez une sieste en début d’après-midi.
La régularité, c’est la clé
Pour lutter efficacement contre le manque de sommeil, il semble donc préférable de miser sur la régularité de vos heures de coucher et de lever, aussi bien en semaine que le week-end.
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Source : Santé publique France, Institut national du sommeil et de la vigilance, Journal of sleep research, - 22 mars 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet