La souffrance psychique au travail ne cesse d’augmenter
23 juin 2015
©Phovoir
Depuis 2007, la part des salariés victimes de souffrances psychiques causées ou aggravées par le travail est en hausse constante. Et les femmes seraient deux fois plus concernées que les hommes. Problème, il n’existe pas à ce jour de tableau de maladie professionnelle permettant sa réparation au sein des différents régimes de sécurité sociale. C’est ce qui ressort de la dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce 23 juin.
Après les affections de l’appareil locomoteur (troubles musculo-squelettiques…), la souffrance psychique causée ou aggravée par le travail est le deuxième groupe pathologique le plus souvent signalé.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la souffrance psychique au travail ne se limite pas au très médiatisé burnout, que l’on pourrait traduire par « épuisement professionnel ». La réalité est bien plus complexe et diversifiée. Ainsi trouve-t-on également des épisodes dépressifs (légers ou sévères), des troubles du sommeil, des conduites addictives…
Dans ce contexte, sa surveillance épidémiologique apparaît comme primordiale. Les auteurs du BEH ont ainsi mené, sur la période 2007 – 2012, une analyse, à partir d’un système de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), mis en place par l’Institut de Veille sanitaire (InVS) et l’Inspection médicale du travail.
Résultat, le taux de prévalence de la souffrance psychique liée au travail (en hausse constante) est 2 fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes (3,1% chez les femmes contre 1,4% chez les hommes en 2012). Concernant les répartitions des différents troubles, l’épisode dépressif léger était, pour les hommes comme pour les femmes, l’entité la plus souvent rapportée par les médecins du travail jusqu’en 2010, avec plus d’un tiers des situations.
Les cadres particulièrement touchés
À partir de 2011, les troubles anxieux étaient les plus fréquents pour les deux sexes. En parallèle, les taux (moins élevés) du burnout et des états de stress post-traumatique ont augmenté continuellement sur la période et la part du « stress lié à l’emploi » a considérablement chuté.
Concernant les catégories sociales les plus touchées, les auteurs étayent l’hypothèse selon laquelle les conditions de travail favorisant l’apparition d’une souffrance psychique concerneraient davantage les salariés des catégories sociales élevées (principalement les cadres), même si elles ne sont bien sûr pas absentes dans les autres catégories sociales.
En conclusion, les chercheurs expliquent « qu’environ 480 000 salariés seraient touchés par ce phénomène. Il faut rappeler que la souffrance mentale liée au travail ne figure dans aucun tableau de maladie professionnelle et qu’en 2013, moins de 250 salariés présentant cette pathologie ont été indemnisés. »