La taurine, le secret pour vieillir en bonne santé ?

15 juin 2023

Connue pour ses effets stimulants, la taurine est retrouvée dans certains compléments alimentaires ou boissons énergétiques. Et si cet acide aminé prolongeait l’espérance de vie en bonne santé ? Une possibilité à ce jour décrite chez l’animal. Qu’en est-il de cet impact sur l’être humain ?

Retrouvée dans les muscles, la rétine et le cerveau, la taurine participe à l’absorption des graisses au niveau intestinal et à la maturation du système nerveux. Elle entre dans la composition de certaines boissons énergétiques aujourd’hui très marketées. Ou encore dans certains compléments alimentaires en association avec du magnésium de synthèse, de la caféine et autres groupes des vitamines B.

Selon des chercheurs américains de l’Université de Columbia, cet acide aminé aurait le pouvoir d’augmenter l’espérance de vie en bonne santé, en diminuant donc le risque de maladies chroniques. Un lien de cause à effet observé et prouvé chez la souris. Dans le détail, « l’augmentation de l’espérance de vie a été estimée à 12 % comparée aux animaux non exposés à la taurine », résume le Pr Vijay Yadav, principal auteur de l’étude. C’est-à-dire 3 à 4 mois chez la souris, 7 à 8 ans chez l’Homme.

Ostéoporose, obésité, fonction immunitaire

Mais comment l’expliquer ? La taurine intervient dans la consolidation osseuse, avec un rôle protecteur de la taurine contre l’ostéoporose et dans la fonction immunitaire. Elle agit sur le système nerveux et participe à prévenir l’obésité. « Nous nous sommes dit que si la taurine régulait ces processus connus pour décliner avec l’âge, et que cette même taurine diminue avec l’âge également, alors le maintien des niveaux sanguins en taurine devait impacter l’état de santé et l’espérance de vie », appuie le Pr Yadav. « Chez les humains, les niveaux de taurine à 60 ans représentent un tiers des niveaux enregistrés chez les enfants de 5 ans ».

En allant plus loin, les chercheurs ont mis en avant le fait que « la taurine empêchait la prise de poids chez les souris femelles, augmentait la dépense énergétique, la masse osseuse, améliorait l’endurance et la force musculaire, réduisait les symptômes dépressifs et les états anxieux, la résistance à l’insuline et stimulait le système immunitaire ». Des résultats similaires ont été rapportés chez des singes à qui l’on a administré quotidiennement de la taurine sur une durée de 6 mois. Enfin, au niveau cellulaire, chez l’animal en général, la taurine réduit le nombre de cellules zombies, celles dont le nombre augmente avec l’âge et dont l’activité est – comme leur nom l’indique – ralentie.

Et chez l’Homme ? Selon le Pr Yadav, après observation de 50 paramètres de santé auprès de 12 000 Européens âgés de 60 ans et plus, ceux dont les taux de taurine étaient les plus élevés se trouvaient aussi en meilleur état de santé : très peu de cas de diabète de type 2, d’obésité, d’hypertension ou d’inflammation étaient rapportés chez ces derniers.

Des précautions à prendre

Ces observations ne doivent pas mettre de côté les risques liés à une consommation excessive de taurine chez les patients souffrant d’épilepsie ou d’un dérèglement thyroïdien. La taurine pourrait aussi être à l’origine de troubles du métabolisme du calcium. Sous forme de gélules ou de boissons, la taurine reste par ailleurs déconseillée dans le cadre d’une hypertension artérielle ou d’une grossesse.

A noter : où trouver de la taurine à l’état naturel ? Le lait maternel et les laits industriels infantiles en contiennent, cet acide aminé étant indispensable au développement du tout-petit. Les viandes, le lait et les produits laitiers ainsi que les algues et les huîtres en sont également de bonnes sources. En dehors de l’alimentation, la pratique d’une activité physique augmente le niveau de taurine, chez les athlètes comme les personnes plus sédentaires.

  • Source : Science, le 8 juin 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Vincent Roche

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