La viande, finalement pas si mauvaise pour la santé ?

01 octobre 2019

Diminuer l’apport en viande et en charcuterie n’aurait donc aucun impact sur la santé ? Voici les conclusions pour le moins surprenantes d’une équipe composée de chercheurs de plusieurs pays. Les recommandations qui en ressortent vont à l’encontre de la plupart des travaux scientifiques de ces dernières décennies. Rien de surprenant à ce que des société savantes du monde entier se soient élevées contre ces conclusions surprenantes.

Finalement, vous pouvez manger autant de viande et de charcuterie qu’à votre habitude. La réduction des quantités de ces aliments dans notre assiette n’aurait en effet aucun impact sur le risque de cancer ou de maladies cardiovasculaires. Ce sont les conclusions – totalement contradictoires avec la littérature scientifique depuis des années – tirées par des chercheurs canadiens, espagnols et polonais*.

Pas de raison de baisser sa consommation habituelle

Pour parvenir à ce constat, cette équipe a passé en revue 5 méta-analyses portant sur le lien entre la consommation de viande et la santé. Leur analyse est sans appel : « nous n’avons trouvé aucune association statistique significative entre la consommation de viande et le risque de maladies cardiovasculaire, le diabète ou le cancer ». Seule exception, « une très faible réduction du risque chez ceux qui réduisaient leur consommation hebdomadaire de 3 portions ».

Suite à ces observations « basées » selon les auteurs « sur des preuves très solides », 14 membres issus de 7 pays ont rédigé des recommandations nutritionnelles. Dans le détail, « la plupart des adultes devraient continuer à manger autant de viande rouge ou de charcuterie qu’à leur habitude. Contrairement aux recommandations actuelles ».

En contradiction totale avec les recommandations actuelles

L’OMS – via de Centre international de recherche sur le cancer (Circ) – a classé comme probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A) la consommation de viande rouge. Dans le détail, « des associations positives [ont été trouvées] entre la consommation de viande rouge et le développement d’un cancer colorectal ». La charcuterie quant à elle est identifiée comme cancérogène pour l’homme (groupe 1) en raison « d’indications convaincantes de ce que l’agent provoque le cancer chez l’homme ».

En France, le Programme national nutrition Santé (PNNS) intègre ces notions et conseille de « réduire la consommation de viande et de charcuterie ».

Sans oublier que la baisse de la consommation de viande est également largement conseillée dans le but de protéger l’environnement. Cette étude ne prend pas en compte cette dimension, mais les chercheurs confirment qu’« il peut y avoir d’autres raisons que la santé pour réduire sa consommation de viande ».

Des conclusions douteuses

Rapidement après publication de ce travail, les conflits d’intérêt des chercheurs avec l’industrie de la viande ont soulevé le doute concernant leurs conclusions. Les auteurs de cette étude auraient en effet oublié de mentionner leurs liens passés avec un groupe financé par des géants de l’agroalimentaire. C’est ce que révélait le New York Times peu après la publication. Sans compter que de nombreuses sociétés savantes, parmi lesquelles l’American Cancer Society and the American Heart Association, ont rapidement réitéré leurs positions associant consommation importante de produits carnés, cancer et maladies cardiovasculaires.

*Dalhousie University, McMaster University, Canada – Centres Cochrane espagnol et polonais

  • Source : American College of Physicians, 30 septembre 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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