L’auriculothérapie pour prévenir la migraine ?
24 janvier 2025
Il s’agit d’une technique de médecine traditionnelle, l’auriculothérapie. A l’hôpital Foch à Paris, elle fait partie intégrante du panel de prise en charge des patients migraineux. Le centre hospitalier a mené une étude pour apporter des preuves scientifiques de ses bénéfices.
Des alternatives aux médicaments peuvent-elles aider les patients souffrant de crises migraineuses ? Alors que la migraine touche 15 % de la population, la fréquence et l’intensité des crises sont très variables. Et on estime entre 1 à 2 % la population générale qui souffre de migraine plus de 15 jours par mois depuis au moins trois mois. On parle alors de migraine chronique.
Les symptômes courants sont les crises de maux de tête récurrentes, sévères et invalidantes, souvent unilatérales et pulsatiles, accompagnées de troubles sensoriels, comme une sensibilité à la lumière, aux bruits et aux odeurs. Outre la douleur sévère et invalidante, la migraine empêche d’accomplir des tâches quotidiennes, domestiques ou professionnelles et altère la qualité de vie.
Les limites des thérapies médicamenteuses
L’hôpital Foch à Paris a mené une étude, dirigée par le Dr Mireille Michel-Cherqui, anesthésiste et spécialiste de la douleur, sur le recours à l’auriculothérapie en prévention des crises migraineuses épisodiques. « La prise en charge en consultation de douleur chronique permet de voir assez rapidement la limite des prises en charge médicamenteuses pour les patients : effets secondaires désagréables, lassitude par rapport à un traitement de fond, sensation d‘être drogués’. Par exemple les traitements de fond de la migraine entrainent fréquemment une fatigue à l’effort s’il s’agit de bétabloquants, une prise de poids, des troubles de l’humeur et des troubles cognitifs dans le cas de prise d’antidépresseurs ou d’antiépileptiques. Au sein de notre centre de la douleur, nous nous sommes donc rapidement orientés vers les thérapeutiques non médicamenteuses : hypnose, relaxation, sophrologie, activité́ physique adaptée, acupuncture et auriculothérapie, comme substituts ou compléments à ces approches médicamenteuses », note commente Michel-Cherqui.
Stimuler des zones des oreilles
A l’hôpital Foch, les patients migraineux suivent trois séances d’auriculothérapie, à un mois d’intervalle, suivies de séances semestrielles. Cette approche thérapeutique non-médicamenteuse consiste à stimuler des zones précises des oreilles, notamment au moyen d’aiguilles, afin de soulager diverses affections. 90 patientes présentant une migraine évoluant depuis plus de 6 mois ont été incluses dans l’étude, menée par six médecins auriculothérapeutes.
Toutes disposaient d’un agenda de suivi. Cet agenda précise le nombre de jours avec céphalées migraineuses ou non migraineuses, les prises médicamenteuses (triptans ou autres traitements de la crise), l’intensité des céphalées (cotée de 1 à 3) et la qualité de vie évaluée par le score MIDAS. Pour Migraine Disability Assessment, ce score permet d’évaluer l’impact fonctionnel des céphalées, en s’attachant à décrire l’impact des migraines sur les activités professionnelles, domestiques et sociales. Les patientes ont été réparties en deux groupes : un groupe recevant 3 séances d’auriculothérapie à 1 mois d’intervalle et un groupe n’en bénéficiant pas.
Des résultats significatifs qui nécessitent d’être affinés
Les résultats, publiés dans la revue Frontiers in neurology, montrent que durant les 3 mois de l’étude et de manière significative, les patientes du groupe qui suivaient une auriculothérapie ont pris moins de triptans que celles du groupe contrôle, leur qualité́ de vie a été́ meilleure et elles ont eu moins de jours avec des maux de tête non migraineux. En revanche aucune différence n’a été observée concernant le nombre de jours avec céphalées migraineuses, la somme des intensités de douleur et le nombre total d’analgésique pris autres que les triptans. D’autres études seront nécessaires pour compléter ces résultats.
Peu pratiquée en médecine moderne, l’auriculothérapie a été officiellement reconnue par l’organisation mondiale de la santé en 1987. Elle peut être utilisée pour traiter les douleurs, les addictions, les effets secondaires de la chimiothérapie. La Voix des migraineux témoigne sur son site Internet que « de nombreux patients rapportent un réal soulagement » avec l’auriculothérapie mais reconnaît que le niveau de preuve est encore trop faible. Cette étude est un premier pas et d’autres études doivent suivre. « Une étude portant sur l’intérêt de l’auriculothérapie utilisant le laser va démarrer à Marseille », ajoute le Dr Mireille Michel-Cherqui.
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Source : Communiqué de presse de l’hôpital Foch, Frontiers in neurology, la Voix des migraineux
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet