Le bio est-il vraiment bio ?
26 mars 2018
Sergey Ryzhov/shutterstock.com
Un logo vert, du papier kraft et une image de champ de blé… le packaging des produits bio suffit souvent à convaincre les consommateurs. Mais les aliments certifiés sont-ils réellement issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement ?
Dans son numéro d’avril, 60 millions de consommateurs a fait escale au rayon bio. L’association a passé au crible des aliments de la vie de tous les jours. A ce jour, « il n’existe pas de limites maximales de résidus (LMR) pour les produits bio » en France. L’association s’est donc basée sur les « recommandations de l’Association allemande des professionnels de la filière biologique (BNN) ».
Du vert pas si vert ?
Selon 60 millions, des toxiques ont été retrouvés :
Dans du chocolat. Les seuils de résidus y dépassent la limite autorisée. « Les plus fortes quantités ont été retrouvées dans le chocolat Lidl (0,033 mg/kg), suivi de Kaoka et Côte d’Or (respectivement 0,017 et 0,016 mg/kg) puis d’Ethiquable (0,005 mg/kg). » Sur les 11 chocolats noirs testés, tous contiennent du cadmium, un métal classé cancérigène pour l’Homme. Les plus contaminés sont les chocolats originaires d’Amérique du Sud ;
Dans la moitié des huiles d’olive analysées, 60 millions de consommateurs a confirmé la présence de plastifiants. « Cinq produits contiennent des résidus de pesticides, soit d’une substance (Bio Planète, Crudolio, Gabro, et Marque Repère-Bio Village), soit de deux (Vallon de l’Allamande). » Des traces de solvants ont aussi été repérées dans des huiles pourtant extra-vierges, tout comme des traces d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (en quantités infimes) dans 5 huiles ;
Dans du riz : « deux références de riz d’Inde/Pakistan sont pénalisées : Taureau ailé par la présence de deux résidus et Monoprix Bio, avec quatre résidus » ;
Dans du quinoa, « le pesticide retrouvé dans le quinoa français Rochefort atteint une concentration dix fois supérieure à la limite maximale de résidu pour le quinoa conventionnel » ;
Dans le miel : « trois des douze miels présentent des résidus de pesticides. Famille Mary et Cote Miel, provenant d’Amérique du Sud, contiennent un résidu de glyphosate, en quantités limitées. La Vie claire a tout juste la moyenne du fait de deux dérivés d’un pesticide utilisé pour lutter contre un parasite des abeilles, mais interdit dans l’agriculture bio » ;
Aucune marque de café testée ne contient de pesticides. En revanche, « deux cafés, Carte Noire et surtout Auchan Bio frôlent la nouvelle limite réglementaire en acrylamide** (400 μg/kg), qui entre en vigueur le 11 avril ».
Le meilleur élève est le sucre : « sept des huit références sont indemnes de pesticides. Seul le sucre La Vie claire déçoit par la présence d’un résidu d’un herbicide de synthèse. » Ce dernier a été classé en 2015 « possible cancérogène » par l’OMS. Il s’agit du 2,4-D.
Autres données, contrairement aux idées reçues le bio n’est pas forcément local. En effet, 30% des aliments analysés par 60 millions de consommateurs « sont étiquetés ‘origine UE’, voire ‘hors UE’ ». En France, l’achat d’aliments « porteurs du label vert » a augmenté de 16% en un an. Avec une nette préférence pour les fruits et légumes, suivis des produits laitiers puis de l’épicerie.
A noter : « Selon les derniers chiffres de la Répression des fraudes, le taux d’irrégularités sur le bio s’élève à 14,2%, avec des substances interdites dans 5% des échantillons qui sont, pour beaucoup, issus de pays tiers. »
*Chiffres de l’Agence Bio
**Un composé issu de la torréfaction
-
Source : 60 millions de consommateurs, avril 2018, n°536
-
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreruzet