Le don d’ovocytes, un parcours semé d’embûches
30 juin 2014
Le prélèvement des ovocytes, dans le cadre du don, se fait par voie vaginale, sous contrôle échographie. ©Phovoir
Les banques d’ovocytes connaissent une pénurie depuis de nombreuses années. Et pour cause, ce don présente de nombreuses contraintes pour la femme volontaire. Les explications du Dr Fabienne Marchand-Lamiraud, gynécologue spécialisée dans l’Aide médicale à la procréation (AMP) à Nantes.
Anonyme et gratuit, le don d’ovocytes en France est peu répandu. Pour preuve, le délai d’attente est estimé en moyenne à deux ans pour un couple infertile. « Les raisons sont multiples », insiste le Dr Marchand-Lamiraud. « D’abord, donner ses ovocytes nécessite d’en passer par un traitement de stimulation ovarienne suivie d’une ponction. » Par conséquent, « il ne s’agit pas d’un acte tout à fait anodin – contrairement au don de sperme obtenu par masturbation -, même s’il est parfaitement bien encadré aujourd’hui », poursuit-elle. Concrètement, la stimulation dure entre 10 et 15 jours et consiste pour la femme à s’injecter des hormones pour stimuler l’ovulation. Ensuite, le prélèvement se fait par voie naturelle guidé par échographie. « La femme n’est hospitalisée qu’une journée pour une intervention en ambulatoire. »
Cet acte reste relativement confidentiel. « Il est rare qu’une femme décide, sans raison, de donner ses ovocytes », confie Fabienne Marchand-Lamiraud. « La plupart du temps, elle vient pour aider une copine. » Même s’il est interdit de donner directement à quelqu’un, « le fait même de faire le pas permet de réduire immédiatement de moitié le temps d’attente… »
Reste un dernier frein au don d’ovocytes : l’aspect psychologique. « Certaines femmes pensent qu’elles auront un enfant quelque part dont elles pourraient être responsables », explique-t-elle. « Or ce n’est pas du tout le cas. Elles donnent à un couple la possibilité d’avoir un enfant. »
Vers une congélation d’ovocytes de convenance ?
Avec l’âge, les femmes perdent progressivement leur capacité à concevoir. Comme elles veulent être mères de plus en plus tard, pour des raisons variées, liées aux études, à la carrière, les femmes françaises – et occidentales en général – ont de plus en plus besoin de recourir au don d’ovocytes. Or, comme nous l’avons dit, les réserves sont bien trop faibles.
« La solution se trouve sans doute dans la conservation en amont, et par précaution, de ses propres ovocytes », estime le Dr Marchand-Lamiraud. Interdite en France pour convenance personnelle, la vitrification des ovocytes d’une femme jeune est aujourd’hui possible en Espagne, dans certaines cliniques. Pour autant, toutes les femmes ne peuvent se le permettre. « Le traitement et le prélèvement coûtent 3 000 euros. Puis, la conservation revient à 250 euros par an. » En attendant que cette option soit autorisée en France, le pays a besoin de plus de donneuses. Pour plus d’informations, consultez le site de l’Agence de la Biomédecine.
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Source : interview du Dr Fabienne Marchand-Lamiraud, 24 juin 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet