Le maquillage, masque ou révélateur ?

05 mai 2014

Adepte du nude ou du maquillage intégral, vous appliquez fards et poudres quotidiennement, comme un grand nombre de femmes dans les pays occidentaux. A la fois habitude culturelle et diktat sociétal, notre manière de nous farder reflèterait en partie notre personnalité, d’après Diana Odon-Baylac, psychologue à Bordeaux. Ou en tout cas, notre humeur du moment. Explications.

« L’objectif premier du maquillage est d’accentuer les attraits physiques », indique Diana Odon-Baylac. En se parant de poudres et de crèmes colorées, les femmes mettent en valeur leur beauté dans le but de plaire aux hommes. Au premier abord en tout cas. Mais « en les interrogeant plus longuement, on s’aperçoit rapidement qu’il leur permet avant tout de se voir, elles-mêmes, plus belles », poursuit-elle. Et de se sentir bien, puisque même l’application des mascaras, ombres à paupière et fonds de teint correspond à un moment de plaisir.

Dis-moi comment tu te maquilles, je te dirai qui tu es…

Une touche de mascara et un peu de poudre ton sur ton. Ou plutôt fond de teint, blush, eye-liner et rouge à lèvres… Le choix du maquillage « dit beaucoup de la manière dont on veut être perçu par les autres », explique Diana Odon-Baylac. « On peut dire par exemple qu’une femme qui se maquille discrètement ne souhaite pas être remarquée. Soit elle est timide, soit encore elle souhaite passer inaperçue un jour en particulier. »

A l’inverse, une femme qui porte volontiers du rouge à lèvres coloré – traditionnellement rouge ou rose – veut attirer les regards. « Ce produit cosmétique est souvent associé à un désir de puissance, de contrôle », ajoute-t-elle. Pour autant, toutes les femmes qui en mettent ne sont pas des dominatrices ! « Il s’agit davantage d’un rôle. Le jour où une femme choisit d’appliquer du rouge à lèvres, elle peut vouloir attirer l’attention ou s’imposer dans une situation bien précise. » Le maquillage est ainsi souvent un révélateur de l’humeur et offre alors la possibilité de jouer un rôle différent.

Le diktat de l’éternelle jeunesse

Jouer un rôle ? Cette opportunité offerte aux femmes grâce au maquillage ne signifie pas pour autant que toutes mentent sur leur personnalité. Nombreuses sont celles qui se fardent par obligation. « On peut lire dans les magazines féminins que passé un certain âge – parfois seulement 30 ans – une femme ne devrait jamais sortir sans maquillage ! » Ayant intégré l’injonction de rester jeunes éternellement, « développée par l’industrie cosmétique et les médias », elles se camouflent sous les produits de beauté. A l’inverse, vieillir reste très valorisé socialement pour les hommes. Une inégalité encore bien présente en 2014…

  • Source : interview de Diana Odon-Baylac, psychologue à Bordeaux, 29 avril 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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