Les drogues, définitivement dangereuses pour le système cardiovasculaire

16 octobre 2024

L'usage des drogues récréatives n’est pas sans conséquences sur le plan cardiovasculaire. Une étude française révèle même qu'une fois hospitalisés pour un événement cardiovasculaire aigu, les individus en ayant consommé auparavant présentent un sur-risque de récidive.

Les consommateurs réguliers de drogues sont connus pour être plus à risque d’événements cardiovasculaires aigus comme l’infarctus du myocarde. On sait que le cannabis augmente le risque de caillots sanguins et la formation de plaques d’athérome dans les artères, d’où des problèmes cardiaques.

Quant à la cocaïne, elle provoque des spasmes dans les artères et des troubles du rythme cardiaque. Mais il semble que la consommation régulière de drogues soit également un facteur de risque important de récidives une fois la personne hospitalisée pour un évènement cardiovasculaire, selon une publication du groupe “Urgence et soins intensifs de cardiologie” de la Société française de cardiologie.

Celui-ci a mené une étude sur une période de deux semaines, en procédant à des dosages urinaires systématiques auprès des patients admis dans 39 unités de soins intensifs de cardiologie (USIC) en France. Cela représente 1 900 patients hospitalisés pour des pathologies telles que l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque aiguë, les troubles du rythme cardiaque, la dysfonction du muscle cardiaque (myocardite), etc. Les patients, à l’exception de 41, ont accepté de se soumettre à ces tests urinaires.

Près de 11 % des patients en soins intensifs de cardiologie positifs aux drogues

10,7% des patients admis aux urgences cardiologiques avaient consommé des substances toxiques dans le mois : 9 % du cannabis, 2 % de la cocaïne, 2 % de l’héroïne ou des opioïdes, 0,7 % des amphétamines et 0,6 % du MDMA. Un tiers était positif à plusieurs drogues.

La répartition par âge montre que 35 % des consommateurs étaient âgés de moins de 40 ans, 22 % de 40 à 49 ans, et 12 % avaient plus de 50 ans. Tous les milieux sociaux étaient concernés, et ces proportions se retrouvaient globalement dans les différents centres hospitaliers dans toutes la France.

Au départ, la question « avez-vous pris une drogue récréative » leur avait été posée avant le test urinaire. Seule une personne sur deux avait admis en avoir consommé.

Un surcroît d’événements cardiovasculaires chez les patients hospitalisés

Les cardiologues ont constaté que la consommation de substances toxiques était associée à un risque accru d’événements cardiovasculaires pendant l’hospitalisation, allant jusqu’au décès ou au choc cardiogénique (le cœur n’est plus capable de pomper suffisamment de sang pour alimenter correctement le corps, avec une baisse brutale de la pression artérielle et un manque d’oxygène dans les organes vitaux).

De plus, les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde présentaient un surrisque de troubles des ventricules cardiaques ainsi que de morts subites, lié à leur consommation de drogues. Comme attendu, la prise de drogue est ainsi associée à un pronostic moins favorable pour la santé et en particulier cardiovasculaire.

Après la sortie de l’hôpital, ce surrisque persiste, bien que difficile à quantifier précisément à cause de la poursuite éventuelle de la consommation de drogues, de l’observance plus ou moins stricte des médicaments, du type de suivi médical, etc.

  • Source : Fauvel C, Dillinger JG, Bochaton T et al; ADDICT-ICCU Investigators. Prevalence and Prognostic Impact of Drug Use in Patients Hospitalized for Acute Heart Failure. JACC Heart Fail.;12(5):967-969.

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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