Maladie d’Alzheimer : les études comme rempart
27 mars 2014
La France compte 850 000 personnes malades d’Alzheimer. ©Phovoir
Faire des études pour assurer notre avenir… et notre santé mentale. D’après des chercheurs français de l’INSERM, le niveau de diplôme serait étroitement lié à l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Plus il est élevé, plus les premières manifestations seraient tardives.
Les scientifiques (unité 897/ Université Bordeaux Segalen) se sont appuyés sur les données de la cohorte PAQUID. Cette dernière formée il y a 25 ans incluait des personnes de plus de 65 ans alors en bonne santé.
Ils ont ainsi analysé l’évolution cognitive de 442 patients ayant développé la maladie d’Alzheimer. Parmi eux, 171 avaient un niveau d’éducation inférieur au certificat d’études, et 271 un niveau plus élevé. « Aujourd’hui, ce seuil correspondrait au bac », précise Hélène Amieva, co-auteur des travaux.
Les auteurs ont ainsi constaté une corrélation entre la durée des études et la manifestation des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Chez les plus diplômés, cette dernière débuterait par une phase quasiment… asymptomatique. Avec un déclin très léger, sans répercussion sur la vie quotidienne… et sans que le sujet ne s’en rende vraiment compte. En fait, entre cette « phase quasiment asymptomatique » et la démence avérée, il s’écoulerait en moyenne 15 à 16 ans.
Chez les personnes qui n’ont pas fait d’études en revanche, « les symptômes cognitifs sont d’emblée plus marqués et les répercussions sur la vie quotidienne sont immédiates. La première phase de déclin sans répercussion fonctionnelle semble ne pas exister », analyse Hélène Amieva. Dans le cas d’espèce, la maladie est diagnostiquée 7 ans après les premiers signes.
Une réserve cognitive
Selon la scientifique, ce phénomène s’expliquerait par une « réserve cognitive chez les personnes ayant eu une stimulation intellectuelle riche tout au long de leur vie ». En clair « des réseaux neuronaux se mobiliseraient pour compenser des lésions cérébrales. D’ailleurs des données d’imagerie montrent bien que le volume de matière grise est plus important chez les personnes qui ont fait des études que chez celles qui n’en ont pas fait.»