Maladie de Parkinson : sur la piste du microbiome
19 décembre 2016
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Pour la première fois, des scientifiques américains ont établi un lien entre la nature des bactéries intestinales et le risque de développer la maladie de Parkinson. Le déséquilibre du microbiome fragiliserait en effet les compétences motrices.
Le microbiome est colonisé par une multitude de bactéries intestinales, certaines bénéfiques d’autres nocives pour l’organisme. L’équilibre de ce microbiome joue un rôle essentiel dans le développement et le fonctionnement du système immunitaire et nerveux. Tout s’explique : 70% des neurones du système nerveux périphérique sont localisés dans les intestins. Et le système nerveux intestinal est directement connecté au système nerveux central par le nerf vague. Raisons pour lesquelles le ventre est communément appelé… deuxième cerveau !
Des chercheurs de l’Institut de technologie de Californie se sont justement penchés sur le lien entre microbiote et risque de développer une pathologie impactant le cerveau : la maladie de Parkinson. Ils ont travaillé sur des souris ayant des taux anormalement élevés de protéines αSyn au niveau du cerveau, caractéristique de cette atteinte neurodégénérative. Les rongeurs présentaient par ailleurs les symptômes associés à la maladie de Parkinson : des tremblements et des difficultés à la marche.
Evaluer l’habilité motrice
La moitié des souris avait donc un microbiote intestinal perturbé. Le reste, dénué de tout germe, était plongée dans un environnement stérile. Chaque rongeur a ensuite été soumis à des exercices de course sur tapis roulant et de traversée d’obstacles, dans le but d’d’évaluer ses compétences motrices.
Résultats, le groupe sous environnement stérile s’est avéré bien plus habile comparé aux souris dotées d’un microbiote perturbé. « Les modifications de la population bactérienne intestinale sont, à elles seules, responsables de la diminution des capacités motrices », expliquent les chercheurs. D’ailleurs, « malgré la surproduction de la protéine αSyn au niveau du cerveau, la modification du microbiote suffit à arrêter les symptômes ».
Et chez l’homme ?
Pour aller plus loin, les scientifiques ont prélevé des échantillons fécaux de patients diagnostiqués pour la maladie de Parkinson et auprès de personnes indemnes. Les microbiotes des patients ont été transplantés chez les souris dotées d’un microbiote ne comportant aucun germe, provoquant ainsiles symptômes associés à la maladie de Parkinson. Les microbiotes sains n’ont, quant à eux, déclenché aucun symptômes chez les rongeurs. « Cette découverte ouvre la voie au développement de nouvelles molécules agissant sur le microbiote plutôt que sur le cerveau. »
A noter : bien en amont du diagnostic de la maladie de Parkinson, les patients présentent des troubles gastro-intestinaux, en particulier une constipation.