Cancer colorectal : la maladie du foie gras accroît le risque de métastases hépatiques
16 mai 2023
La stéatose hépatique non-alcoolique (NAFLD, pour Non-Alcoholic Fatty Liver Disease, ou NASH, pour Non-Alcoholic Steato Hepatitis) renvoie à l’accumulation de graisse dans le foie. Actuellement, selon les chiffres de la Société nationale française de gastro-entérologie, un Français sur cinq en souffre.
Selon une étude des chercheurs du centre de cancérologie du Cedars-Sinaï (Etats-Unis), la stéatose hépatique favorise la propagation du cancer colorectal au foie. « Notre étude a révélé que les cellules du foie gras sécrètent des protéines et du matériel génétique qui favorisent la propagation du cancer colorectal au foie, ce qui suggère que les médecins devraient gérer différemment les patients atteints d’un cancer colorectal avec un foie gras », souligne Ekihiro Seki, professeur de médecine et de sciences biomédicales à Cedars-Sinaï, co-auteur de l’étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Cell Metabolism.
La NASH, largement sous-diagnostiquée
Les chercheurs ont étudié les formes bénignes de stéatoses hépatiques, très largement sous-diagnostiquées. Selon eux, même une NASH légère risque, dans le cancer colorectal, d’entraîner des métastases hépatiques. Ces métastases sont la première cause de décès chez les patients atteints de cancer colorectal. « Nous exhortons les médecins à vraiment prêter attention aux patients atteints de cancer colorectal qui pourraient avoir une stéatose hépatique. Parmi nos échantillons de patients, nous avons noté que plus de 40 % d’entre eux avaient une stéatose hépatique, mais souvent, les médecins ne prescrivent pas l’IRM spécialisée nécessaire pour la détecter, ce qui signifie que de nombreux cas sont inconnus », ajoute Ekihiro Seki.
L’équipe scientifique a mené son étude sur des souris porteuses de métastases hépatiques de cancer colorectal. Certaines d’entre elles avaient reçu une alimentation spécifique afin de développer une maladie du foie gras. Chez ces dernières, les chercheurs ont observé qu’elles produisaient davantage de vésicules extra-cellulaires, des particules libérées des cellules, transportant des protéines et du matériel génétique de la cellule-mère.
Suppression du système immunitaire
Concrètement, que se passe-t-il ? « Les vésicules extracellulaires produites par les cellules hépatiques grasses contiennent trois types de microARN qui stimulent la prolifération, la migration et l’invasion du cancer », explique Ekihiro Seki. Ces vésicules extra-cellulaires et les types de microARN associés réagissent en outre avec une autre protéine, la protéine Yap, qui favorise la croissance de la tumeur. Les souris atteintes de NASH ont ainsi développé un cancer plus agressif et métastatique.
En outre, la protéine Yap supprimerait le système immunitaire dans la région de la tumeur, ce qui pourrait expliquer pourquoi l’immunothérapie ne fonctionne pas sur certains patients atteint d’un cancer colorectal.
A noter : le cancer colorectal est l’un des plus fréquents. En France, il touche chaque année 43 000 personnes et cause 17 000 décès. Alors que 47,3 % de la population souffre d’obésité ou est en situation de surpoids, cette étude permet d’envisager une meilleure prise en charge du cancer colorectal chez ces patients.
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Source : Ameli.fr, SNFGE, Inserm, Cedars-Sinai.org, Extracellular vesicles in fatty liver promote a metastatic tumor microenvironment”, Cell Metabolism ,11 mai 2023.
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Ecrit par : Ecrit par Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche