Misophonie : quand des bruits sont insupportables

24 novembre 2025

Certaines personnes ne supportent pas d’entendre quelqu’un mâcher, respirer fort, taper du pied ou faire craquer ses articulations. Ces bruits, pourtant anodins pour la plupart d’entre nous, peuvent déclencher chez elles une réaction immédiate de colère, de dégoût ou d’angoisse. Ce phénomène a un nom : la misophonie.

Le mot misophonie vient du grec misos (haine) et phônè (son). Il désigne une aversion intense pour certains bruits. Contrairement à une simple gêne auditive, la misophonie provoque une réaction émotionnelle disproportionnée et souvent incontrôlable chez les personnes concernées : irritation, panique, voire envie de fuir.

Les sons les plus souvent cités par les personnes misophones sont les bruits corporels : mastication, reniflement, déglutition, respiration. Mais il peut aussi s’agir de bruits répétitifs d’objets comme des clics de stylo, des tapotements, ou encore des bruits de frottement.

Ce qui se passe dans le cerveau

Les neurosciences commencent à mieux cerner les mécanismes de la misophonie. Des chercheurs britanniques ont montré en 2017 que les personnes atteintes présentent une hyperactivité du cortex insulaire antérieur, une région du cerveau impliquée dans la gestion des émotions et de l’attention. Autrement dit, leur cerveau réagit trop fortement à certains sons et il les interprète comme un danger. Cette réaction déclenche un stress intense, comparable à une alarme qui s’allume sans raison valable.

Les causes exactes de la misophonie ne sont pas encore totalement élucidées. Les chercheurs évoquent plusieurs pistes, parmi lesquelles une prédisposition génétique – car des cas familiaux ont été rapportés -, une différence de traitement sensoriel du son dans le cerveau ou encore un apprentissage émotionnel, lorsque certains bruits ont été associés dans le passé à des situations désagréables.

Reconnaître et traiter

La misophonie peut être confondue avec d’autres troubles auditifs dont l’hyperacousie, où les sons semblent anormalement forts et la phonophobie, qui est une peur des sons. Si la misophonie reste peu reconnue dans le monde médical, il existe une échelle d’évaluation appelée Amsterdam Misophonia Scale, inspirée d’un outil utilisé pour les troubles obsessionnels compulsifs, destinée à poser le diagnostic.

Une fois diagnostiqué, ce trouble peut être traité par thérapies cognitives et comportementales (TCC) qui aident à modifier les schémas de pensée et les réactions automatiques face aux sons déclencheurs. Elles sont d’autant plus efficaces qu’elles sont associées à des techniques de relaxation, d’hypnose ou de pleine conscience.

Si vous vous sentez concerné, votre médecin traitant pourra vous orienter vers un ORL, un psychologue ou un psychiatre ayant une expérience des troubles auditifs et sensoriels. L’AFREPA (Association Francophone des Équipes Pluridisciplinaires en Acouphénologie) peut aussi vous aider à mettre en place une prise en charge adaptée.

  • Source : Fondation pour l’Audition – Current Biology

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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