Nutrition : le skyr, un produit laitier surcoté ?

06 novembre 2023

Le skyr, cette spécialité laitière islandaise est-elle vraiment le super-aliment souvent décrit ? L’UFC-Que choisir nuance le discours.

En quelques années, le skyr, cette sorte de fromage blanc venu du Nord, a conquis les rayons des produits laitiers des supermarchés et envahi nos frigidaires. Cette spécialité laitière islandaise, qui aurait traversé les époques depuis un millénaire, jouit d’une excellente réputation, riche en protéines, pauvre en matières grasses et source de calcium. Capable de caler jusqu’au prochain repas, les pouvoirs du skyr sur la satiété sont également souvent mis en avant.

Mais cette nouvelle star du rayon frais est-elle si irréprochable ?  L’UFC-Que choisir s’est posée la question récemment. « Le skyr, une arnaque à l’islandaise ? », s’interroge l’association de consommateurs. Celle-ci pointe d’emblée le prix excessif de celui dont la recette « ressemble à s’y méprendre à celle du yaourt industriel, si ce n’est son égouttage plus long ». Environ neuf euros le kilo chez certaines marques comme Siggi’s, il est toutefois moins onéreux chez des marques plus grand public – Danone, Yoplait – à 6 euros environ. Quoi qu’il en soit bien plus cher que les yaourts ou les fromages blancs disponibles en grand surface.

Des protéines pas vraiment utiles

Pour ce qui est de la richesse en protéine du skyr ? Inutile, selon l’UFC-Que choisir. « Notre consommation (de protéines) équivaut généralement à celle recommandée pour les sportifs d’endurance. Il est donc rarement utile de l’augmenter, même en cas de pratique régulière d’une activité physique », estime Claire Gaudichon, experte en nutrition et comportement alimentaire à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Le skyr, et ses protéines, pourraient toutefois être utiles aux séniors. « A partir de la soixantaine, on manque parfois de protéines, ce qui favorise la fonte musculaire et augmente le risque de perte d’autonomie avec l’âge. Quelques grammes de plus par portion sont, dans ce cas, toujours bons à prendre », note Stéphane Walrand, chercheur en nutrition humaine à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

Quant à l’effet coupe-faim des protéines ? « Pas clairement démontré » note Anestis Dougkas, spécialiste des protéines laitières à l’institut Lyfe. Le skyr n’apportant que 2 à 3 grammes de plus de protéines qu’un fromage blanc allégé, la différence est quoi qu’il en soit « insuffisante pour avoir un effet sur la satiété ».

Le skyr reste un bon aliment – bien que peut-être survendu – comme les yaourts natures et les fromages blancs, « tous autant favorables au maintien d’un poids sain », estime Anesti Dougkas.

A noter : Selon le Plan national nutrition santé, il est recommandé de consommer trois produits laitiers par jour pendant l’enfance et l’adolescence: ils apportent du calcium et sont essentiels à la croissance et la bonne minéralisation des os. A l’âge adulte, 2 produits laitiers par jour seront suffisants. Pauvres en calcium et riches en matières grasse, le beurre et la crème fraiche ne sont pas considérés comme des produits laitiers.

  • Source : mangerbouger.fr, UFC-Que choisir, 2 novembre 2023, Le Skyr, une arnaque à l’islandaise ?

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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