Ostéoporose : un recours au dépistage trop faible ?
03 janvier 2024
L’ostéoporose est une maladie qui concerne majoritairement les femmes. Asymptomatique au début, son évolution peut ensuite causer des fractures dites de fragilité, qui peuvent altérer la qualité de vie des patients. Pourtant le recours au dépistage reste insuffisant.
L’ostéoporose est une maladie essentiellement féminine. Il s’agit d’une diminution de la masse osseuse ainsi qu’une dégradation de ses tissus. Concrètement, la résorption osseuse n’est plus compensée par la formation de tissus neufs. Autour de 65 ans, 39 % des femmes seraient concernées. Et 70 % d’entre elles à partir de 80 ans et plus. « Le nombre de personnes atteintes d’ostéoporose en France était estimé à près de 4 millions en 2019, soit 5,5 % de la population totale. En conséquence, 484 000 fractures de fragilité seraient survenues la même année », précise l’Inserm qui ajoute qu’en 2034, 610 000 personnes pourraient être concernées par cette maladie en constante hausse ces dernières années.
Dans son numéro hors-série de janvier/février 2024, le magazine 60 millions de consommateurs appelle les femmes à demander un dépistage. Les chiffres sont en effet alarmants. Selon la HAS, l’ostéoporose « est à l’origine d’une morbi-mortalité importante, avec 20 % de complications postopératoires et 30 à 50 % de réduction de l’autonomie. 10 à 30 % des patients deviennent dépendants, 25 % entrent en institution et 20 à 24 % décèdent dans l’année ».
Comment dépister l’ostéoporose ?
Face à une suspicion d’ostéoporose forte, l’examen de référence est l’ostéodensitométrie. « Cet examen médical permet de mesurer la densité minérale osseuse du patient à l’aide de rayons X de faible intensité », explique l’Inserm. Il est recommandé chez tous les patients dont un os a été fracturé sans traumatisme important. En outre, une perte de taille de quelques centimètres, pouvant être due à des fractures vertébrales, doit également faire suspecter une ostéoporose. L’examen est également préconisé chez la femme ménopausée avec des facteurs de risque : « un antécédent de fracture du col sans traumatisme chez un parent du 1er degré ; un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 19 ; une ménopause précoce (avant 40 ans), un antécédent de corticothérapie de plus de trois mois consécutifs », liste Ameli.fr.
« Malheureusement, les données montrent que le dépistage conduit dans ces contextes reste insuffisant en France. Moins de 10 % des femmes qui ont eu une fracture sévère (vertèbre, fémur, bassin) reçoivent un traitement approprié de l’ostéoporose », déplore l’Inserm.
La ménopause en cause
Interrogée par 60 Millions de consommateurs, la Pre. Trémollières, endocrinologue et directrice de l’unité Ménopause et prévention de l’ostéoporose au CHU de Toulouse regrette que « ces indications induisent dans la tête des médecins que les femmes sans facteur de risque ne sont pas malades d’ostéoporose. Ce qui est faux, puisque la moitié des femmes atteintes au début de la ménopause ne présentait aucun facteur de risque ! L’ostéodensitométrie est un examen facile et indolore qui coûte environ 40 €. Ne pas le rembourser pour toutes les femmes arrivant à la ménopause est vraiment une erreur de santé publique ». En effet la ménopause est un facteur de risque à part entière, puisque, souligne l’Inserm, à ce moment-là, le taux en œstrogènes s’effondre, provoquant une accélération de la perte osseuse chez les femmes pendant 5 à 10 ans.
Quelle prise en charge ?
Les traitements de l’ostéoporose sont médicamenteux. Les bisphosphonates en premier lieu, qui freinent l’activité des ostéoclastes, ces cellules qui altèrent les tissus de l’os. Chez les femmes ménopausées, le traitement hormonal de la ménopause (THM), contre les bouffées de chaleur notamment, traite également la perte osseuse liée à la ménopause ; l’effet sur la densité minérale osseuse disparaissant à l’arrêt du traitement.
Mais, ces traitements auraient chuté de 80 % à cause d’une défiance envers les hormones, regrette la Pre Trémollières dans les colonnes de 60 Millions de consommateurs. Selon l’Inserm, seules 6 % des femmes prennent un traitement hormonal de la ménopause. Pourtant, « le THM prévient la perte osseuse et les anomalies de la micro-architecture osseuse du début de la ménopause. Il diminue de 20 à 40 % le risque de fracture à tous les sites osseux indépendamment du niveau basal de risque avec un effet–dose dépendant des estrogènes », écrivent les experts du Collège national des gynécologues et obstétriciens français en 2021 qui recommandent une analyse de la balance bénéfices-risques du THM chez les patientes.
Il est aussi possible de prévenir l’ostéoporose. Dans ce cadre, une bonne hygiène de vie est essentielle. L’exercice physique agit sur la densité minérale osseuse. Une supplémentation en calcium et en vitamine D participent également à un renforcement des os. Tabagisme et consommation excessive d’alcool sont à proscrire car ils favorisent la perte osseuse. L’indice de masse corporelle doit aussi être maintenu au-dessus de 19.
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Source : 60 Millions de consommateurs, janvier/février 2024 – Ameli.fr – Inserm – HAS - Ménopause, traitement hormonal de ménopause et ostéoporose. RPC Les femmes ménopausées du CNGOF et du GEMVi, 2021
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet