Parkinson : un patient remarche grâce à un implant révolutionnaire

07 novembre 2023

Un patient atteint de la maladie de Parkinson à un stade avancé a réussi à remarcher grâce à une neuroprothèse implantée sur la zone de la moelle épinière qui contrôle les muscles des jambes. Explications.

Marc, atteint de la maladie de Parkinson depuis près de 30 ans, a été équipé voici deux ans d’une neuroprothèse mise au point par une équipe franco-suisse. A 62 ans, ce Bordelais marche désormais quasiment normalement. Il souffrait pourtant de troubles sévères de la marche, de chutes fréquentes, comme c’est le cas pour 90 % des malades d’Alzheimer à un stade avancé. Le phénomène du freezing peut aussi être associé à la pathologie, « quand les pieds restent collés au sol pendant la marche », explique l’Inserm, qui a contribué à l’innovation.

Les traitements actuellement disponibles ne permettent pas d’éliminer ces troubles. « Je n’arrivais pratiquement plus à marcher sans des chutes fréquentes, plusieurs fois par jour. Dans certaines situations, comme entrer dans un ascenseur, je piétinais sur place, je faisais du freezing, comme on dit », explique Marc, cité dans un communiqué de presse de l’Inserm, du CHUV et de NeuroRestore, Centre suisse spécialisé dans la neurochirurgie pour le rétablissement des fonctions neurologiques.

Des électrodes pour remplacer le cerveau

Jocelyne Bloch, professeure au CHUV et co-directrice du centre NeuroRestore avec Grégoire Courtine ont travaillé avec le Dr Erwan Bézard, neuroscientifique à l’Inserm, spécialiste des maladies neurodégénératives, pour mettre au point cet implant. « L’idée de développer une neuroprothèse stimulant électriquement la moelle épinière pour harmoniser la démarche et corriger les troubles locomoteurs de patients parkinsoniens est le fruit de plusieurs années de recherche sur le traitement de la paralysie due aux lésions médullaires », explique Erwan Bézard, directeur de recherche Inserm à l’Institut des maladies neurodégénératives.

Cette neuroprothèse comporte des électrodes, visant à remplacer les commandes du cerveau, implantées au niveau de la région de la moelle épinière qui contrôle les muscles des jambes ; un générateur d’impulsions électrique a été placé sous la peau de l’abdomen du patient. « Dans le cas présent, il s’agit d’une stimulation qui se superpose au fonctionnement naturel des neurones de la moelle en stimulant, avec une coordination spatiotemporelle, les différents groupes musculaires responsables de la marche », expliquent Grégoire Courtine, neuroscientifique, et Jocelyne Bloch, neurochirurgienne. « Grâce à la programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s’adaptent en temps réel à ses mouvements, Marc a rapidement vu ses troubles de la marche s’estomper », précise encore le communiqué.

« Les escaliers ne me font plus peur »

Equipé de la neuroprothèse, et avec quelques semaines de rééducation, Marc a rtrouvé une démarche quasiment normale. Il utilise son implant environ 8 heures par jour, l’éteignant la nuit ou lorsqu’il reste inactif une longue période. « J’allume la stimulation le matin et je l’éteins le soir. Elle me permet de mieux marcher, de me stabiliser. Même les escaliers ne me font plus peur à présent. Tous les dimanches je vais au bord du lac, et je marche environ 6 kilomètres. C’est génial », s’enthousiasme-t-il.

Le sexagénaire est le seul patient à avoir été traité avec cette neuroprothèse. Des essais cliniques seront menés par le centre NeuroRestore sur six nouveaux patients dès l’année prochaine. Objectif : optimiser l’implant afin de le déployer à grande échelle et de pouvoir mettre au point une version commerciale du dispositif. « Notre ambition est de généraliser l’accès à cette technologie innovante afin d’améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson, partout dans le monde ».

  • Source : Percée majeure dans le traitement de la maladie de Parkinson :  une neuroprothèse permet de restaurer la marche, chuv, epfl ; inserm, 6 novembre 2023

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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