Polluants éternels : comment les Pfas nuisent au développement du fœtus

13 février 2025

Les Pfas, ces polluants extrêmement persistants dans l’environnement, sont désormais retrouvés dans les sols, l’air et l’eau. Plusieurs études ont montré les dangers qu’ils représentent pour la santé humaine. Une publication française vient de déterminer comment ces polluants éternels altèrent la santé du placenta durant la grossesse.

Les Pfas, per- et polyfluoroalkylées, sont des substances chimiques que l’on retrouve dans de nombreux produits et outils de la vie quotidienne : textiles, emballages, cosmétiques, revêtements antiadhésifs… Ils ont hérité du surnom de polluants éternels car ils sont extrêmement persistants dans l’environnement. C’est pourquoi ils polluent tous les milieux, l’eau, l’air, le sol, les sédiments et sont retrouvés dans la chaîne alimentaire.

De nombreux travaux scientifiques ont montré que les Pfas étaient délétères pour l’être humain : augmentation du taux de cholestérol, cancers, conséquences sur le foie, les reins, la fertilité et le développement du fœtus. Concernant ce dernier point, des chercheurs de l’Inserm, de l’Université Grenoble Alpes (UGA), du CEA et du centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHU) ont examiné les mécanismes d’action de ces Pfas sur la grossesse. Les résultats ont été publiés le 30 janvier dans la revue Environment international.

Les villosités placentaires endommagées

Plusieurs études ont montré que l’exposition aux Pfas, utilisées pour leurs propriétés antiadhésive, imperméable et résistante aux fortes chaleurs, augmente le risque de petit poids chez le nouveau-né et celui de souffrir d’hypertension durant la grossesse. Une altération du placenta pourrait-elle être en cause ? « Celui-ci fait le lien entre la mère et le fœtus et permet, entre autres, les échanges de gaz et de nutriments », justifie Claire Philippat, co-dernière autrice de l’étude et chercheuse à l’Inserm.  

Les chercheurs se sont appuyés sur une cohorte de 367 mères et leurs enfants recrutés entre 2014 et 2017 dans la région de Grenoble (Isère). Ils ont examiné les conséquences de l’exposition à treize Pfas sur la santé du placenta. Résultats : trois d’entre eux sont soupçonnés d’affecter les villosités placentaires, ces structures qui, en contact avec le sang maternel et le réseau vasculaire du fœtus, permettent les échanges fœto-maternels. Ce phénomène pourrait engendrer une diminution des échanges et un moindre apport en oxygène et nutriments de la mère au fœtus.

Des placentas de plus faible poids

« Selon de précédentes études, les dérégulations dans les échanges fœto-maternels seraient associées aux retards de croissance intra-utérins et au développement de la prééclampsie », explique Nadia Alfaidy, directrice de recherche à l’Inserm et co-dernière autrice de cette étude. Pour rappel, la prééclampsie se caractérise par une hypertension artérielle et une présence importante de protéines dans les urines. Ce syndrome peut entraîner de nombreuses complications s’il n’est pas correctement traité.

Autre découverte : les femmes qui présentent les concentrations de sept Pfas, que les chercheurs ont pu déterminer, possèdent un placenta de plus faible poids que les autres femmes. « Or, plusieurs études suggèrent qu’une diminution du poids de cet organe peut indiquer que ses fonctions sont compromises, affectant le développement du fœtus », note l’Inserm dans un communiqué.

« Nous espérons qu’une étude nationale verra le jour sous peu afin de mieux comprendre les conséquences de l’exposition aux PFAS sur la santé de la mère et de l’enfant », ajoute Claire Philippat.

  • Source : Inserm, Anses, Ameli.fr

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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