Pollution du trafic routier : alerte pour la santé des professionnels du secteur

27 novembre 2024

L’Anses alerte sur les risques accrus pour les travailleurs exposés à la pollution atmosphérique liée au trafic routier. Dans un avis, elle appelle les pouvoirs publics à mieux protéger ces professionnels et à prendre des mesures pour réduire les risques.

Les risques respiratoires et cardiovasculaires liés à la pollution atmosphérique sont désormais avérés et connus. La pollution atmosphérique et les particules qu’elle contient ont été classées cancérogènes pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2013.

L’ensemble de la population y est exposé. Mais un groupe de professionnels l’est encore davantage. Il s’agit des chauffeurs, éboueurs, agents de maintenance des voiries… tous sont particulièrement exposés à la pollution générée par le trafic routier. Saisie par les ministères du Travail et des Transports, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publie ce mercredi 27 novembre un avis relatif « à l’exposition des travailleurs à la pollution de l’air à proximité du trafic routier et ses conséquences sur leur santé ».

Travailler à l’intérieur de son véhicule : une surexposition à la pollution

Pour mener son évaluation, l’Anses a ciblé « les métiers impliquant la présence du travailleur sur ou à proximité des routes, à l’extérieur ou dans l’habitacle de leur véhicule, pendant l’essentiel de leur temps de travail ». Ces personnes travaillent majoritairement en extérieur comme les éboueurs, les balayeurs ; majoritairement à l’intérieur de l’habitacle comme les conducteurs de bus, les chauffeurs poids lourd ou à l’extérieur et à l’intérieur des véhicules comme les personnels de l’exploitation et de la maintenance des réseaux routiers.

Résultat : l’exposition de ces travailleurs aux polluants du trafic routier est plus élevée que celle de la population générale. Et encore davantage pour les professionnels qui exercent majoritairement dans l’habitacle de leur véhicule, comme les conducteurs de taxi, de bus ou les chauffeurs poids lourd. « Les activités professionnelles impliquant la présence dans un habitacle de véhicule circulant dans le flux du trafic induisent des surexpositions particulièrement élevées », note l’Anses.

Des risques qui s’ajoutent aux risques

Les trois polluants principalement en cause sont le dioxyde d’azote, les particules fines (PM10 et PM2,5) et le carbone suie. Ils concentrent l’essentiel des risques sanitaires observés. Concrètement, sur le long terme, les expositions aux PM2,5 et au carbone suie seraient responsables de décès anticipés, « 11 à 120 cas supplémentaires pour 1 000 personnes exposées professionnellement par rapport aux cas observés dans la population de référence ». En outre, « les risques d’hospitalisations pour causes cardiovasculaires ou cardiaques attribuables aux expositions journalières aux PM10, aux PM2,5 et au carbone suie issus du trafic routier sont supérieurs chez les travailleurs exerçant leurs activités sur les voies de circulation ou à proximité du trafic routier ». L’exposition au dioxyde d’azote, jugée préoccupante à court terme, serait responsable de décès prématurés toutes causes confondues à long terme.

Les experts rappellent que l’exposition de la population générale à ces polluants présente déjà des risques sanitaires élevés à court et moyen terme. « Les excès de risque observés chez les travailleurs exposés professionnellement à la pollution atmosphérique issue du trafic routier viennent s’ajouter à ces risques ».

Afin de limiter les risques, l’Agence appelle les employeurs à mettre ne place des actions afin de réduire les expositions professionnelles. Elle recommande en outre de réviser ou construire en priorité les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) pour le dioxyde d’azote et les particules de l’air ambiant.

  • Source : Anses, Centre de lutte contre le cancer Leon Berard

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils