Pollution intérieure : des enfants exposés
09 juillet 2020
Les substances polluantes imbibent nos peintures, textiles, jouets et emballages alimentaires. Selon les auteurs du BEH, les jeunes enfants sont les plus concernés par cette toxicité ambiante.
Les substances polluantes envahissent notre environnement intérieur. Mais de quelles particules parle-t-on ? Où ces toxiques sont-ils retrouvés ? Pour répondre à ces questions cruciales en termes de santé publique, les auteurs de l’étude Esteban* ont analysé l’impact de 6 familles de polluants (bisphénols A, S et F, phtalates, perfluorés, retardateurs de flamme bromés, éthers de glycol et parabènes). Toutes ces substances envahissent nos quotidiens, « dans les cosmétiques, les vernis, les peintures, les solvants, les textiles, les revêtements adhésifs de poêle, les jouets en plastique ».
Contact main-bouche, jouets et petits poids
L’observation a été menée auprès de la population française âgée de 6 à 74 ans, via des prélèvements sanguins et urinaires. Et le bilan n’est guère réjouissant. L’imprégnation de ces toxiques semble « généralisée, avec des niveaux (…) généralement plus élevés chez les enfants de 6 à 17 ans », notent les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 7 juillet 2020. Dans le détail :
- La population générale est « exposée à au moins 1 des 8 métabolites des éthers de glycol recherchés ». Très peu de traces de parabènes ont été retrouvées. « Seul le méthyl-parabène** était quantifié chez plus de 92% des adultes et des enfants » ;
- « Le PFOA (acide perfluorooctanoïque), et le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) ont été quantifiés chez 100% des adultes et des enfants ». Ces substances sont hautement délétères pour la santé humaine ;
- Chez les enfants, l’âge constitue un « déterminant de l’exposition, les plus jeunes enfants étaient plus imprégnés par les bisphénols ou les phtalates que les enfants plus âgés ». Comment l’expliquer ? Par « des contacts cutanés et de type ‘main bouche’ plus fréquents pour des produits du quotidien (jouets, peintures…), des expositions plus importantes aux poussières domestiques et un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires pour la plupart des substances mesurées ».
Alimentation, cosmétiques, manque d’aération
Quelles sont les sources de ces expositions nocives pour la santé ? L’alimentation, mais pas seulement. « L’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol et la fréquence d’aération du logement diminue les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés. »
Selon les chercheurs, d’autres études doivent être menées régulièrement dans ce domaine, « pour suivre dans le temps les évolutions des expositions de la population et contribuer à estimer l’impact des politiques publiques visant à réduire les expositions ».
*Étude de SanTé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition, étude menée entre avril 2014 et mars 2016, au cours de quatre vagues successives, de durées égales, auprès de l’ensemble des personnes résidant en France continentale âgées de 6 à 74 ans sur la période d’étude
*** Conservateur utilisé dans le « traitement de surface de certaines charcuteries, la gelée de certains pâtés, les biscuits apéritifs, les confiseries sauf chocolat, farine », données Quechoisir.org
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, le 7 juillet 2020, n° 18-19
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet