Pré-éclampsie : la piste d’un traitement
30 septembre 2015
La pré-éclampsie est responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés en France. ©Phovoir
Chaque année en France, 40 000 femmes sont concernées par une pré-éclampsie, une maladie fréquente de la grossesse. Et aux conséquences potentiellement gravissimes. Une équipe américaine est sur la piste d’un traitement susceptible d’éviter les accouchements prématurés souvent rendus nécessaires par cette pathologie.
La pré-éclampsie associe l’apparition d’une hypertension artérielle et de protéines dans les urines, généralement après 20 semaines d’aménorrhée. Non traitée, elle est susceptible d’entraîner des complications graves de type éclampsie ou hémorragie cérébrale.
Elle résulterait d’un dysfonctionnement au niveau du placenta. En présence de cette affection, la stratégie consiste en un suivi rigoureux de la patiente pour éviter justement les complications. Dans les cas les plus sévères, « la seule façon de sauver la mère est d’extraire le fœtus et son placenta, que le fœtus soit déjà viable ou non », explique l’INSERM.
Dans ce contexte, l’étude du Pr Ravi Thadhani du Massachusetts General Hospital (Boston) mérite une attention spécifique. Dans le Journal de la société américaine de néphrologie, il décrit en effet une approche thérapeutique susceptible d’éviter l’aggravation de la maladie. Et donc l’accouchement prématuré.
Extraire une protéine du sang
Elle repose sur le prélèvement d’une protéine appelée Fms-like tyrosine kinase-1 (sFlt-1). Les tyrosines kinases étant des récepteurs de facteurs de croissance, connus par ailleurs pour jouer un rôle dans la survenue de cancers rénaux notamment.
Thadhani et ses collègues ont donc évalué l’innocuité et l’efficacité de cette stratégie auprès de 11 femmes enceintes souffrant d’une pré-éclampsie, à un stade relativement précoce de leur grossesse (22-23 semaines). Ils ont donc prélevé la protéine en question grâce à une technique appelée l’aphérèse. Ils ont ainsi observé une diminution du taux de sFlt-1 dans les urines et une baisse transitoire de la tension artérielle.
Les médecins sont parvenus à prolonger la grossesse de ces femmes entre 8 et 15 jours contre 3 seulement dans le groupe contrôle. Ces résultats sont porteurs d’espoirs. Mais ils doivent être confirmés dans le cadre d’études réalisées sur de plus larges cohortes.
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Source : Journal of the American Society of Nephrology, 24 septembre 2015 – INSERM, dossier Pré-éclampsie, janvier 2013
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Dominique Salomon