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En France, chaque année, quelque 155 000 personnes sont touchées par un accident vasculaire cérébral. Il est la première cause de handicap acquis chez l’adulte, la troisième cause de décès après le cancer et les infarctus. Les AVC constituent aussi la deuxième cause de démence derrière la maladie d’Alzheimer.
80 % de ces AVC sont dits ischémiques. L’arrêt de la circulation du sang est alors dû à la présence d’un caillot qui bouche une artère du cerveau. Les 20 % restants concernent les AVC hémorragiques causés par la rupture d’une artère cérébrale et provoquant une hémorragie.
Le traitement d’urgence de l’AVC ischémique est la reperfusion cérébrale : rétablir la circulation sanguine dans le cerveau. Pour y parvenir, l’équipe soignante pratique une thrombolyse intraveineuse et dans certains cas une thrombectomie.
Plus le temps de prise en charge est court, plus les chances de récupérer après un AVC sont élevées. La rapidité influence le diagnostic, le risque de séquelles, de complications, de décès. En effet, selon les chiffres avancés par l’Inserm, environ 2 millions de neurones meurent chaque minute lorsqu’ils sont privés d’oxygène. C’est pourquoi « la rapidité du déroulement de la phase d’alerte et pré-hospitalière est primordiale », note la HAS. Cela comprend l’identification des symptômes par le patient ou ses proches, l’alerte, l’évaluation de la situation par le Samu, le transfert du patient vers l’unité neurovasculaire (UNV) la plus proche ou vers un établissement de santé en coordination avec une UNV.
« A l’arrivée dans l’établissement de santé, il est indispensable d’obtenir une expertise neurovasculaire (soit par une équipe dédiée, soit par télé-consultation), de confirmer le diagnostic par la réalisation d’une imagerie cérébrale adaptée si possible dans un délai inférieur à 30 minutes après l’arrivée et, le cas échéant, de débuter les traitements nécessaires si possible dans un délai de moins d’une heure après l’arrivée », ajoute l’autorité sanitaire dans un communiqué publié mardi 28 octobre.
Après confirmation du diagnostic, le traitement en urgence d’un AVC ischémique est la thrombolyse, un médicament qui doit être administré dans le respect de la fenêtre thérapeutique soit 4h30 après la survenue des symptômes, 9 heures dans certains cas. Attendre trop longtemps augmente le risque de saignement intracrânien, les tissus étant endommagés.
Administrée dans les temps, « la thrombolyse permet de rétablir la circulation du sang et l’apport en oxygène au niveau du cerveau, et donc de limiter la lésion cérébrale et ses séquelles », précise Ameli.fr. Le traitement repose sur l’administration par voie veineuse d’une molécule nommée rtPA (pour recombinant tissue Plasminogen Activator ou « activateur tissulaire du plasminogène recombinant »). Ce traitement augmente de 30 % le nombre de patients guéris ou ne présentant que des séquelles minimes. Toutefois, la fenêtre thérapeutique étant étroite, seuls 10 à 15 % des patients admis en UNV en bénéficient.
La thrombolyse peut être immédiatement suivie d’une thrombectomie mécanique endovasculaire (fenêtre thérapeutique de 6 heures). Celle-ci concerne une artère intracrânienne de gros calibre, qui permet l’accès au caillot via un dispositif mécanique introduit par voie endovasculaire sous contrôle radioscopique.
Après une thrombolyse, la surveillance de la pression artérielle, du pouls et de l’état neurologique du patient sont suivis en continu pendant 24h à 48h en unité de soins intensifs neurovasculaire afin d’anticiper le risque de récidives ; fréquentes dans les AVC. Lorsque c’est possible, la rééducation doit débuter dès le retour du patient dans sa chambre afin, là encore, de limiter les séquelles. Dans les UNV, les équipes médicales et paramédicales sont formées spécifiquement à la prise en charge de l’AVC et assurent le suivi, la prévention et la rééducation précoce des patients. « L’admission dans une unité neurovasculaire double les chances de récupération. Il faut donc garantir à tous les patients un accès rapide à ces structures », souligne le Pr Sébastien Richard, dans un communiqué de StrokeLink, le réseau national de recherche clinique spécialisé dans l’accident vasculaire cérébral (AVC).
A noter : La thrombolyse est contrindiquée lorsque la fenêtre thérapeutique est refermée, lorsque la pression artérielle reste élevée malgré les traitements, lorsque le risque de saignement est trop élevé.

Source : Inserm, HAS, StrokeLink, Ameli.fr

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet