Schizophrénie : lever le voile de la méconnaissance
23 mars 2018
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Diagnostiquée chez 600 000 Français, la schizophrénie reste une maladie mentale mal connue et stigmatisée. Le point à l’occasion des Journées de la schizophrénie organisées du 17 au 24 mars.
La schizophrénie est aujourd’hui classée parmi l’une des maladies mentales les plus fréquentes au monde, avec environ 24 millions de cas avérés. En France, la schizophrénie affecte 600 000 personnes. Elle altère les mécanismes des émotions, des perceptions et du comportement. Les principaux symptômes associés sont des délires, des hallucinations, l’apathie ou encore l’isolement voire une dépression.
Une forte stigmatisation
Dans l’Hexagone, « 60 à 78% des personnes malades ou atteintes de troubles associés sont sans emploi ». Un patient sur cinq est sans domicile fixe et un sur trois sera exposé au moins une fois dans sa vie à un problème de toxicomanie.
Mais « la schizophrénie reste encore mal connue : 65% du grand public affirment ne pas savoir la définir », révèle le Grand baromètre de la schizophrénie* à l’occasion des journées mondiales dédiées du 17 au 24 mars. Pourtant l’impact de cette maladie mentale n’a rien d’anodin : « 89% des patients et 97% des aidants interrogés estiment que la schizophrénie provoque une souffrance extrême qui peut conduire au suicide. »
Les formes injectables mal connues
Aucun traitement ne permet à ce jour de guérir de cette maladie. La stratégie thérapeutique de référence repose sur la prescription de médicaments antipsychotiques atypiques d’action prolongée (APAP)** en première intention, d’un suivi en psychothérapie et d’un accompagnement psycho-social.
« Ces antipsychotiques injectables ne sont connus que par 77% des patients interrogés », apprend-on dans le Grand baromètre de la schizophrénie. Et « seuls 8% à 10% des Français pris en charge pour une schizophrénie en bénéficient ».
Pourtant, leur efficacité est prouvée. Plusieurs études en attestent. Un exemple récent : des neuroscientifiques suédois ont suivi 29 823 volontaires***, entre le 1er juillet 2006 et le 31 décembre 2013. Tous avaient entre 16 et 64 ans.
Résultats, « les APAP sont associés à une diminution du risque de 22% concernant le taux de réhospitalisations », explique le Pr Jari Tiihonen de l’Institut Karolinska en Suède. Et « de 33% concernant la mortalité par rapport à celui associé aux antipsychotiques oraux équivalents ». Une avancée alors que « les patients souffrant de cette maladie peuvent perdre des dizaines d’années de vie ».
*Mené entre le 4 décembre 2017 et le 19 janvier 2018 auprès de 113 patients, 2 800 aidants, 100 médecins généralistes, 100 pharmaciens, 100 infirmiers, 100 psychiatres, 51 conseillers départementaux et 1 102 français issus du grand public
**Plusieurs molécules APAP existent en France : le Trevicta, le Risperdal consta, le Xeplion, l’Abilify Maintena et le Zypadhera.
***Etude commanditée et financé par Janssen
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Source : Interview du Pr Jari Tiihonen, département de neurosciences, Institut Karolinska, Stockholm (Suède), le 22 janvier 2018 - Le Grand baromètre de la schizophrénie, Janssen, mars 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon