Substituts du lait maternel, la pub résiste
31 juillet 2013
©Odile Podpovitny
Trop de pays autorisent la publicité pour les substituts du lait maternel. C’est le principal constat d’un rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, du 1er au 7 août.
Interdire la publicité pour les substituts du lait maternel, prohiber la distribution d’échantillons gratuits, ne pas exiger un message indiquant la supériorité de l’allaitement au sein… En 2011, « seulement un pays sur cinq a mis en œuvre toutes les recommandations de l’OMS (datant de 1981) en matière de commercialisation des substituts du lait maternel », indique son nouveau rapport. Et « seuls 37 pays, soit 19%, ont adopté des lois reflétant toutes les recommandations ».
Dans le détail :
- « 69 pays (35%) interdisent totalement la publicité en faveur des substituts du lait maternel ;
- 62 (31%) interdisent totalement la distribution d’échantillons gratuits ou les approvisionnements à prix réduits pour les services de santé ;
- 64 (32%) interdisent totalement les cadeaux de toutes sortes aux agents de santé offerts par des fabricants ;
- 83 (42%) exigent un message concernant la supériorité de l’allaitement au sein sur les substituts du lait maternel;
- Et 45 pays (23%) déclarent être dotés d’un système efficace d’application et de suivi. »
Marketing agressif versus bienfaits de l’allaitement
Ces recommandations pourtant ne sont pas inutiles. En effet, « les mères sont souvent inondées d’informations incorrectes et non objectives, à la fois directement à travers la publicité, les argumentations sanitaires, les notices d’information et les représentants, et indirectement à travers le système de santé publique », soulignent les rédacteurs du rapport. « Par exemple la distribution de ‘matériels éducatifs’ sur l’allaitement maternel établis par les fabricants de préparations pour nourrissons ont un effet négatif sur l’allaitement au sein exclusif, surtout sur les mères dont c’est le premier enfant et celles qui sont moins instruites. La distribution d’échantillons de préparations pour nourrissons a également un effet négatif sur l’allaitement maternel. »
« L’allaitement maternel est le meilleur mode d’alimentation pour les nourrissons et l’un des moyens les plus efficaces d’assurer leur survie », rappelle l’organisation. « Les personnes nourries au sein sont moins susceptibles de présenter un surpoids ou une obésité plus tard. Elles risquent également moins de souffrir de diabète et ont de meilleurs résultats aux tests d’intelligence. »
« Pratiquement toutes les mères sont physiquement capables d’allaiter leur enfant et le feront si on leur fournit des informations et un soutien adéquats », ajoute le Dr Carmen Casanovas, spécialiste de l’allaitement maternel auprès du Département OMS de la Nutrition pour la santé et le développement. « Mais dans bien des cas, les femmes sont découragées d’allaiter et on leur fait croire qu’elles donnent à leur enfant une meilleure chance dans la vie en achetant des substituts commerciaux du lait maternel ». C’est pourquoi l’OMS et ses partenaires appellent à soutenir davantage les mères allaitantes. Son objectif : « faire passer le taux mondial d’allaitement au sein exclusif pendant les six premiers mois à au moins 50% d’ici 2025. »
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet