Le lait maternel, « un véritable médicament pour les prématurés »

29 juillet 2013

L’allaitement est bénéfique pour tous les nouveau-nés, même prématurés. ©Odile Podpovitny

Un enfant né prématurément est plus fragile que ceux arrivés à terme. Il a donc besoin d’une alimentation complète et adaptée. La meilleure reste le lait maternel. En attendant de pouvoir l’allaiter au sein, le tire-lait est la solution pour lui fournir les meilleurs nutriments. Explications.

« L’un des gros risques auxquels sont exposés les prématurés nés avant 34 ou 35 semaines est l’entérocolite utéro nécrosante », souligne Carole Hervé, consultante en lactation à Paris. Il s’agit d’une ulcération et d’une nécrose étendues de l‘iléon et du côlon chez l’enfant en bas âge. Elle est provoquée par Pseudomonas aeruginosa, une bactérie à l’origine d’environ 11% des maladies nosocomiales. « Un cas d’entérocolite nécrosante qui nécessite la chirurgie ou qui se termine par un décès pourrait être évité si 8 bébés recevaient uniquement du lait maternel. » Le meilleur moyen de la prévenir consiste à donner à l’enfant du lait maternel. Ce dernier « contient en effet les bons anticorps et permet de maintenir une flore intestinale en bon état », poursuit-elle.

Or le tout petit ne peut pas toujours téter le sein tout seul puisqu’« avant 34 semaines toutes les connexions synaptiques nécessaires au réflexe de succion ne sont pas en place ». Dans un premier temps donc, le peau à peau près du mamelon stabilise le petit d’un point de vue métabolique, mais ne peut être envisagé comme une méthode nutritive.

Tirer son lait précocement et dans les meilleures conditions

Pour que l’enfant consomme du lait maternel, il existe deux options. Le lait de sa propre mère et le lait de lactarium. Pour que la maman donne son lait, « il faut le tirer le plus tôt possible », insiste Carole Hervé. « Idéalement, la mère devrait tirer son lait dans l’heure qui suit la naissance. Et maximum dans les 6 heures… Malheureusement, la moyenne en France est de… 48 heures ! » Résultat, « les femmes n’ont pas ou peu de lait. »

En effet, la quantité de lait est une question de stimulation et de motivation. Certes dans le cas des prématurés ne pouvant téter, le tire-lait est LA solution. Pourtant, « tous les professionnels de santé ne tiennent pas le même discours et ne bénéficient pas forcément d’une bonne formation », se désole Carole Hervé. En conséquence, « les mamans, déjà très stressées par la situation de leur tout petit, ne sont pas toujours mises dans de bonnes conditions pour tirer leur lait. » Pour que tout se passe au mieux, « il faut leur fournir un bon matériel, qui ne fait pas mal, leur proposer une pièce intime et… les encourager ! »

Sachez que la lactation idéale pour un enfant à terme correspond à 750ml de lait sur 24h. Dans le cas d’une naissance prématurée, cette quantité est atteinte entre 7 et 10 jours après l’accouchement. En la matière, chaque femme est différente car les seins n’ont pas tous la même « capacité de stockage ». Ainsi « certaines tirent 4 ou 5 fois par jour pour obtenir 750ml quand d’autres doivent le faire 12 fois ! »

Si vous n’avez pu bénéficier des conseils et de bonnes conditions pour tirer votre lait à la naissance de votre enfant, n’hésitez pas à contacter la Leche league, un consultant en lactation ou un professionnel de santé formé à ces questions, notamment auprès des lactariums. Ils vous aideront à choisir un tire-lait adapté et vous soutiendront dans votre démarche.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : interview de Carole Hervé, consultante en lactation, 2 juillet 2013 – L’Association Française des Consultants en Lactation, juillet 2013 - ProLactIn’, juillet 2013 – Leche League, juillet 2013

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