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La boulimie fait partie, avec l’hyperphagie alimentaire et l’anorexie mentale des troubles des conduites alimentaires. Les TCA se caractérisent par un rapport perturbé à l’alimentation, qui altère, de façon significative et durable, la santé physique et mentale.
L’anorexie mentale entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. La boulimie se caractérise par des crises au cours desquelles la personne absorbe de manière compulsive de grandes quantités de nourriture – le craving -, dans un temps court, le jour ou la nuit. Ces crises, associées à un sentiment de perte de contrôle, sont suivies de comportements compensatoires inappropriés (vomissements, laxatifs, jeûne, exercice physique excessif…). « Les personnes souffrant de boulimie ont généralement un IMC normal en raison des comportements compensatoires », note la HAS.
L’hyperphagie boulimique se caractérise par des épisodes de crises boulimiques mais qui ne sont pas suivies de comportements compensatoires. « Les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique sont généralement en surpoids ou en situation d’obésité », ajoute l’autorité sanitaire.
Ces troubles sont fréquents, la boulimie touche environ 1,5 % des 11 – 20 ans et concerne environ trois jeunes filles pour un garçon. Elle survient généralement plus tard que l’anorexie (pics entre 13–14 ans et 16–17 ans), vers 19 – 20 ans. L’hyperphagie boulimique est plus fréquente et concernerait entre 3 et 5 % de la population. Les hommes sont quasiment autant concernés que les femmes. Ameli.fr ajoute que ces chiffres sont sans doute sous-estimés, « les personnes souffrant de boulimie consultent peu et les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique consultent pour surpoids sans évoquer leur trouble du comportement alimentaire ».
L’Inserm rappelait en 2020 les liens étroits entre la boulimie et l’anorexie (0,9 à 1,5 % des femmes et 0,2 à 0,3 % des hommes). « 20 à 50 % des sujets souffrant d’anorexie mentale ont des crises de boulimie et 27 % des sujets souffrant de boulimie nerveuse ont des antécédents d’anorexie mentale. (…) Les raisons de cette évolution ne sont pas connues. Et le pronostic de guérison est équivalent chez les jeunes femmes souffrant d’anorexie purement restrictive ou d’anorexie-boulimie ».
A ce sujet, la comédienne Karine Viard, boulimique durant plusieurs années, décrivait dans l’émission de Canal + « En Aparté » ce besoin de se remplir. « J’ai souvent remarqué que quand tu t’alimentes trop, quand tu manges de façon frénétique, c’est qu’il y a quelque chose entre toi et toi, qui ne s’exprime pas. Il faut bien réussir à exprimer quelque chose ou à tapisser ses émotions. Tu te remplis, tu remplis un vide. »
Boulimie, hyperphagie boulimique ou anorexie mentale, les troubles des conduites alimentaires sont multifactoriels. Aux facteurs génétiques et biologiques s’ajoutent des facteurs de vulnérabilité psychologique. Ainsi, selon Ameli.fr, des troubles dépressifs ou troubles bipolaires, des troubles de la personnalité, des troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité, une baisse de l’estime de soi, un perfectionnisme sont plus souvent présents chez les personnes présentant des troubles du comportement alimentaire.
Des évènements de la vie (facteurs de stress psychique, maltraitance, perte d’un être cher, traumatisme sexuel…), la mise en place d’un régime alimentaire restrictif ou la survenue de vomissements au cours d’une maladie constituent également des facteurs de risque.
Les personnes boulimiques restent souvent sans aucune prise en charge. La honte d’en parler et un indice de masse corporel généralement normal rende ce TCA difficile à repérer. Dans le cas de l’hyperphagie alimentaire, les personnes sont souvent en surpoids. Aussi, selon Ameli.fr, la présence d’une hyperphagie boulimique devrait être recherchée chez toute personne en surpoids.
Le traitement de la boulimie et de l’hyperphagie boulimique repose sur une équipe médicale pluridisciplinaire, psychiatrique, nutritionnelle, somatique et sociale. Selon Ameli.fr, « l’objectif du traitement est d’aider le plus tôt possible les personnes à surmonter leur désir compulsif de manger en réapprenant à se nourrir de manière équilibrée et en retrouvant image du corps et estime de soi ». La prise en charge précoce est un facteur déterminant de guérison, de même que le rôle de la famille est central dans le rétablissement.
Source : Ameli.fr, Inserm, HAS
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet