Troubles musculosquelettiques et souffrance psychique : des maladies liées au travail toujours en hausse
18 avril 2023
Depuis 2003, Santé publique France s’attache à quantifier et décrire les maladies à caractère professionnel (MCP) ; ces maladies liées au travail mais qui ne sont pourtant pas reconnues comme maladies professionnelles par les régimes de sécurité sociale. En constante augmentation, elles concernent en premier lieu les troubles musculosquelettiques et la souffrance psychique. Détails.
Santé publique France publie ce mardi les résultats de la surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), menée depuis 2003 avec l’Inspection médicale du travail. Pour rappel, selon la définition de Santé publique France, les MCP concernent « toute pathologie ou tout symptôme causé ou aggravé par le travail et n’ayant pas fait l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle ». En constante augmentation, les MCP pèsent lourdement sur la santé publique.
Sur la période étudiée, 2014-2018, les taux de signalement des MCP ont été multipliés par 1,4 chez les hommes et 1,5 chez les femmes. En tout, 5 à 7 % des salariés présentent une pathologie ou des symptômes, non reconnus en maladie professionnelle, que les médecins du travail estiment pourtant en lien avec l’activité professionnelle, relaie le rapport de Santé publique France.
Les femmes plus touchées que les hommes
Les troubles musculosquelettiques (TMS) et la souffrance psychique pointent en tête des MCP les plus fréquemment signalées. Dans le détail, les femmes sont davantage concernées que les hommes par ces deux catégories de MCP – de 3,1 % à 4,4 % chez les femmes, de 2,4 % à 3,2 % chez les hommes, entre 2015 et 2018. La souffrance psychique a continuellement progressé entre 2012 et 2018, avec une accélération à partir de 2016, de 1,8 à 2,7 % chez les hommes et de 3,5 % à 6,2 % chez les femmes.
Autre information, les ouvriers sont davantage exposés aux TMS – soumis aux gestes répétitifs, mauvaises postures et travail de force. Pour la souffrance psychique, ce serait l’inverse, les cadres seraient les premiers concernés. Santé publique France conseille toutefois d’appréhender ces résultats avec prudence, en raison d’une possible sous-déclaration de difficultés psychiques de la part des ouvriers.
L’organisation du travail souvent en cause
Concernant les TMS, 75 % des cas de MCP signalées n’avaient pas fait l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle alors qu’elles correspondaient à un tableau de maladie professionnelle. « Du fait, le plus souvent, d’une méconnaissance du salarié ou d’un bilan diagnostique insuffisant », explique Santé publique France.
Concernant la souffrance psychique, selon les indications fournies dans le rapport, « les facteurs organisationnels, relationnels et éthiques représentaient 99 % des agents incriminés, et près de la moitié d’entre eux relevaient de l’organisation fonctionnelle du travail (surcharge ou sous-charge de travail, changements dans l’organisation, dysfonctionnements dans les prescriptions hiérarchiques, déficit de reconnaissance, manque de moyen) ».
« Limiter le fardeau lié aux expositions professionnelles »
Sans tableau correspondant, les maladies psychiques peuvent toutefois être reconnues comme maladies professionnelles selon certains critères, via le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). Entre 2012 et 2016, le nombre de demandes a été multiplié par 5. « Parmi les dossiers de souffrance psychique transmis aux CRRMP, environ 50 % sont reconnus d’origine professionnelle alors que ce taux se limite à 20 % pour l’ensemble des autres pathologies », note le rapport.
La surveillance des MCP doit contribuer à mesurer plus précisément l’impact réel du travail sur la santé physique et psychique. Cela permettra ainsi « d’estimer la sous-déclaration en maladie professionnelle, de cibler les mesures préventives et de faire évoluer les tableaux de maladies professionnelles dans l’objectif de limiter le fardeau lié aux expositions professionnelles », indique Santé publique France