











Accueil » Santé Publique » Pour la première fois, un cancer du sein reconnu maladie professionnelle
© Alexandros Michailidis/shutterstock.com
La décision du tribunal a été prise en janvier, mais elle n’a été révélée qu’en cette fin mars par le journal Le Parisien : une ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines (Moselle), dont le cancer du sein a été diagnostiqué en 2009, a finalement vu la maladie reconnue comme maladie professionnelle. Le tribunal s’est basé sur le rapport d’experts qui affirment « qu’il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant ».
Un travail de nuit (873 gardes de nuit effectuées entre 1982 et 2009) et posté, qui a donc directement contribué à provoquer la maladie. Un lien déjà mis en évidence par l’Inserm dès 2012, puis dans une étude menée en 2018. Ses auteurs avaient sélectionné cinq études internationales sur le cancer du sein, incluant 12 000 femmes, malades ou non, et comprenant des informations sur leurs horaires de travail. Ils avaient conclu que « parmi les femmes non ménopausées, le travail de nuit (défini comme un travail d’au moins trois heures entre minuit et 5 h du matin) augmente de 26% le risque de cancer du sein ».
De son côté, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) a également épluché études épidémiologiques et méta-analyses pour dresser un état des lieux sur le sujet, publié en mars 2019. Conclusion : « l’exposition au travail posté et/ou de nuit est associée à une augmentation statistiquement significative du risque de cancer du sein ».
Parmi les causes souvent évoquées pour expliquer ce lien figurent les perturbations du rythme circadien liées au travail de nuit : exposé à la lumière artificielle pendant la nuit, l’organisme se dérègle et se fragilise, ce qui ouvre la voie à des troubles du sommeil et de l’humeur, au diabète, à l’obésité, aux maladies cardio-vasculaires, ou à « l’apparition d’autres cancers comme ceux de la prostate ».
A noter : Pour la CFDT-Mines, le syndicat qui a aidé l’ancienne infirmière dans ses démarches, cette décision de justice doit faire jurisprudence et ouvrir la voie à l’inscription du cancer du sein au registre des maladies professionnelles.
Source : Le Parisien, Inserm, INRS - Mars 2023
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche
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