Un vélo d’intérieur bien particulier pour l’autonomie au quotidien
15 janvier 2019
Un volontaire en bonne santé teste l’utilisation de l’ergocycle excentrique – ©Unité Inserm 1093
Un vélo d’intérieur conçu pour stimuler les muscles sans trop solliciter les fonctions cardiaques et respiratoires ? C’est possible ! Tout juste conçu par des scientifiques de l’Inserm, ce dispositif pourrait servir à la rééducation physique et à maintenir les seniors en forme au quotidien.
L’équipe Inserm* du Pr Romuald Lepers (Faculté de Dijon) vient de mettre au point une sorte de vélo d’intérieur. Conçue pour les personnes âgées, cette innovation fonctionne sur la technique de l’exo-mode. Le principe : résister au mouvement des pédales en rotative automatique, une fois installée en position semi-allongée.
« Il permet de contracter les muscles en les étirant (on parle de mouvement excentrique) au lieu de les raccourcir comme avec un vélo classique ou lorsqu’on monte les escaliers (mouvement concentrique). L’intérêt de ce mode de contraction est de produire de la force musculaire en sollicitant peu les fonctions cardiaques et respiratoires. »
A ce jour, plusieurs centres spécialisés dans la prise en charge de la BPCO* ou de l’insuffisance cardiaque se sont équipés de ce dispositif. Au quotidien, les personnes âgées pourraient aussi en tirer de nets bénéfices concernant le maintien de l’autonomie. Un paramètre qui dépend notamment de la force musculaire.
Jusqu’ici, « les recommandations d’activité physique adressées à la population générale et aux malades sont fondées sur l’intensité, la durée et la forme (continue versus intermittente) de l’exercice. Mais jamais sur le mode de contractions musculaires », motive le Pr Lepers.
Tester la réaction du cerveau
Le cerveau humain n’est absolument pas habitué à ce mode d’exercice. Il s’agit de trouver la durée, la fréquence et l’intensité optimales. Le Pr Romuald Lepers a étudié 3 paramètres :
« La dose optimale pour un exercice non douloureux et tolérable par tous » : résultat, une phase d’initiation à raison de 3 à 4 séances, à adapter en fonction du profil de chacun, est nécessaire pour que le cerveau prenne ses marques et que les douleurs transitoires disparaissent ;
« Le fonctionnement cérébral pendant l’utilisation de l’ergocycle » : comparée à une séance de vélo d’intérieur classique, « cette activité sollicite davantage les fonctions cognitives et mobilise plus de ressources attentionnelles. Il y a d’ailleurs une perception accrue de l’effort et une plus grande fatigue mentale » ;
« Les spécificités de la commande nerveuse vers les muscles » : « nous voulons savoir comment cette commande évolue, si la fatigue ressentie par le patient est liée à une fatigue nerveuse ou musculaire », détaille Romuald Lepers.
Objectif à terme, créer une interface permettant aux utilisateurs de créer un programme personnalisé en rentrant toutes les données : fréquence, durée… mais aussi les critères sur l’état de santé. « Ce programme évoluera en fonction de sa perception, par exemple en cas de douleur ou de fatigue. »
*unité 1093 Inserm/Université de Dijon
**Broncho-pneumopathie chronique obstructive