Variole du singe : vers une plus grande transmission interhumaine ?
02 juin 2022
Depuis plusieurs semaines, des cas de Monkeypox, autrement appelée variole du singe, sont signalés en dehors des pays habituellement endémiques. Si la plupart des cas guérissent rapidement, le virus demeure sous surveillance accrue des autorités sanitaires dans les pays concernés. Son mode de transmission, en particulier, inquiète.
Depuis le 13 mai et la première remontée de cas de Monkeypox, la flambée s’amplifie. En date du 1er juin, 321 cas ont été signalés dans l’Union européenne et 236 hors de l’UE, parmi lesquels la plupart au Royaume-Uni (179). En France, 33 cas ont été confirmés dont 24 en Ile-de-France. Faut-il s’inquiéter ?
Certes la plupart des malades ne présente qu’une forme bénigne de la maladie, mais l’infection n’est pas anodine pour autant. En Afrique, plusieurs décès ont été causés par ce virus. « La mortalité oscille entre 1 et 10% lors des flambées», précise le Dr Steve Ahuka Mundeke, chef du département de virologie à l’Institut national de recherche biomédicale (République démocratique du Congo)*. Et même si les décès surviennent principalement « en raison d’une prise en charge tardive, dans des régions isolées », les enfants et les personnes immunodéprimées restent des populations particulièrement fragiles et exposées à un risque de forme sévère.
Une flambée différente à divers égards
Pour le moment, et contrairement aux flambées dans les pays endémiques, les cas récemment constatés dans le monde depuis le 13 mai prennent davantage de formes génitales, surviennent entre adultes vivant dans des agglomérations et majoritairement entre hommes ayant des relations avec des hommes. Si les scientifiques n’envisagent pas d’apparition de variants de ce virus à l’ADN plutôt stable, « la plus grande crainte est que le virus trouve d’autres voies de transmission et acquière des capacités d’adaptation lui permettant de passer d’humain à humain encore plus facilement », explique Steve Ahuka Mundeke. Ce qu’une flambée majeure pourrait bien lui octroyer. Car dans les pays endémiques seulement un tiers des cas est infecté par voie interhumaine. Le reste est causé par une transmission d’animal à humain. Cette proportion pourrait donc changer rapidement.
Vaccin et traitement
Malgré ces questionnements, « la gravité du Monkeypox ne nécessite pas (pour le moment ndlr) de campagnes de vaccination préventive », estime l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Les recommandations restent de vacciner post-exposition les personnes ayant eu un contact rapproché avec un malade. Dans ce contexte l’agence a mis en place un suivi de ces patients afin d’évaluer la réponse immunitaire de cette vaccination.
Quant aux patients infectés, ils pourront bénéficier d’un traitement à base d’antiviral Tecovirimat, dont l’efficacité a été démontrée sur des animaux de laboratoire. Ce médicament dispose d’une AMM compassionnelle en Europe et aux Etats-Unis. « Une thérapie à base d’immunoglobulines, des anticorps générés par des personnes vaccinées contre la variole peut également être envisagée », ajoute Xavier Lescure, infectiologue au service de maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat Claude-Bernard AP-HP. Notamment pour les bébés et les femmes enceintes ne pouvant bénéficier de l’antiviral.
*et membre de l’équipe LMI PREVIHMI du TRANSVIHMI (IRD / Inserm / université de Montpellier)
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Source : conférence de presse ANRS, 2 juin 2022 - OMS
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet