VIH : le mode de transmission peut-il influencer la gravité de l’infection ?

14 mars 2022

Rapport sexuel non protégé, contact avec du sang contaminé, transmission de la mère à l’enfant de la grossesse à l’allaitement : voilà les trois voies de contamination par le VIH, le virus responsable du Sida. Mais le mode de transmission peut-il prédire la gravité de l’infection ?

Le rapport sexuel non protégé entre une personne séropositive et une personne séronégative reste le mode de transmission le plus courant du virus VIH/Sida. Et c’est singulièrement le cas lorsque ces relations sexuelles impliquent une pénétration anale, par rapport à une pénétration vaginale.

L’ONUSIDA rappelle ainsi que « le taux de transmission au cours d’un rapport sexuel anal est dix fois plus élevé que pour une pénétration vaginale ». Voilà pourquoi les campagnes de prévention ciblent tout particulièrement les HSH, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes : ils constituent toujours le groupe le plus à risque pour le VIH.

Mais le mode de transmission du virus a-t-il une influence sur son évolution ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des chercheurs indiens, dont l’étude vient d’être publiée dans la revue PLOS Pathogens. Ils ont compilé les données de plus de 300 000 personnes séropositives à travers plus d’une vingtaine de pays, et conclu qu’en effet, le mode de transmission semblait avoir une incidence sur la virulence de l’infection. Mais les populations identifiées comme à risque ne sont pas forcément celles qui déclencheront les formes les plus virulentes.

« Pression de sélection »

Les chercheurs ont en effet constaté que le VIH se montrait plus virulent lorsqu’il était transmis par la voie vaginale, par rapport à la voie anale. En cause : les « goulots d’étranglement » de la transmission, qui introduisent des « pressions de sélection » entraînant l’adaptation du virus. Autrement dit : les souches transmises lors d’une pénétration vaginale semblent plus virulentes que celles transmises lors d’une pénétration anale, du fait d’une pression de sélection plus importante.

« Ces résultats ont des implications pour notre compréhension de la pathogenèse, de l’évolution et de l’épidémiologie du VIH », commentent les auteurs de l’étude. Ils restent cependant prudents car, du fait du nombre important de données étudiées, certaines variables n’ont pas pu être neutralisées. D’autres études sont donc « nécessaires pour analyser les données sur la transmission et les infections au niveau individuel », et éventuellement adapter les stratégies de prévention et les traitements.

A noter : Le port du préservatif reste à ce jour le meilleur moyen de se protéger d’une infection par le VIH.

  • Source : PLOS Pathogens, ONUSIDA, Santé publique France - Le 7 mars 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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